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Les monades de l'Abbé

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Les monades de l'Abbé
1 juin 2009

Me zo ganet e kreiz ar mor

21348_Phares_Dans_La_Tempete_La_Jument_AffichesIl est assez rare d'expérimenter des changements d'univers, d'atmosphère aussi brutaux que lorsque l'on est sur l'eau...

Depuis quelques semaines déjà, je pratique cet exercice grâce à un ami qui me fait la bonté de m'inviter sur son bateau tous les longs WE que Dieu et la République nous accordent au mois de Mai.

Pour comprendre l'effet que ça me fait il faut que je revienne sur une petite histoire qui date de mon adolescence.

 

Comme je l'écrivais dans le tout premier post de ce blog où je rendais hommage à mon grand-père, ce dernier était marin et breton qui plus est. Je parlais de son respect pour les phares, les Paradis qu'on trouve à terre, les Purgatoires entre deux eaux et enfin les terrifiants phares de pleine mer, les Enfers. Ceux qui se font tabasser à coup de vagues godzillesques, plus hautes que des immeubles, pendant les tempêtes qu'on ne trouve que dans ma Bretagne natale.

 

Un beau jour du seigneur, durant mon adolescence, nous déjeunions ma famille et moi chez ce même grand-père...

La maison familiale est située à Port-Louis, siège historique de la Compagnie des Indes. Elle est située à 5m de la mer, et porte le joli nom de Stirenn er Mor, "étoile de mer" en breton. C'était une maison modeste selon les critères actuels, mais pleine de charme, toute en pierre blanchie à la chaux et qui sentait la javel, que ma grand-mère persistait à utiliser pour nettoyer la maison... A l'époque, la javel le disputait aux senteurs d'un rôti de porc-patates à la moutarde, d'un poulet rôti délicieusement gras et parfumé, ou des senteurs limpides plus acides des poissons ou crustacés pêchés juste à côté de là, la nuit même, pendant que je dormais encore profondément dans mon lit de gamin.

Gamin, je montais les marches de l'escalier en bois flotté, sculpté par mon grand-père, sa grande fierté, pour arriver dans la salle à manger, et me laisser gagner peu à peu par toutes ces odeurs. Je prenais tout mon temps pour monter ces marches, car on pouvait tout percevoir, jusqu'à l'air de poussière et de veilles coquilles épinglées aux murs dans un parfum de vieux sel et d'iode, patinée d’exhalaisons, elles plus humaines, de l'eau de beauté de ma grand-mère et du tabac gris à pipe de mon grand-père : le fameux "gros cul" infumable, qui sent le caramel doucement rance. Une magie olfactive qui ne disait pas son nom mais qui cimentait et cimente toujours ma jeune identité et mes petits souvenirs d'enfance.

 

Je prenais donc mon temps à chaque fois qu'il s'agissait de gravir ces marches... Au bout de mon périple d'odeurs et de parfum, j'aboutissais dans la plus grande pièce de la maison : la salle à manger.

 

Là, les senteurs et fragrances enfantines, l’odorat, laissaient la place à la vue...

Imaginez une grande pièce rectangulaire, aux meubles spéciaux, à la fois beaux et terriblement kitsch... Des meubles sculptés par mon cher aïeul, comme l'escalier, dans les rondeurs et les angles d'un style morbihanais (petite mer, décidément elle est partout) du meilleur effet. Des meubles que l'on trouvent rédhibitoirement laids et décalés lorsque l'on est ado, mais à qui l'on peut donner une chance, une toute petite chance, du fait de la complexité de leurs formes et du tout petit brin d'intelligence qui transpire de la bêtise tout juste post-pubère. La toute petite chance, disait-on, d'abriter des rêves que l'on pourrait avoir, qui, à force d'habitude et d'ennui dominical obligatoire se projetteraient, se graveraient dans le bois. Vouip, à force d'ennui, de patine de dimanches d'hiver, où il faut bien l'avouer, y'a pas grand chose à branler quand on a 15 ans...

 

Foin de digression, je me trouvais donc attablé dans cette salle à manger, unique certes dans son kitsch, mais surtout dans sa douce harmonie bien familière...

Cette pièce était décorée, non, plutôt entourée de cadres. Des cadres... des huiles... des aquarelles, fusains, pastels et lavis représentant devinez quoi? Des Bateaux !!!... autant d'éléments ayant toujours fait parti du décor, du cadre de mon enfance. Le genre d'élément que l'on ne remet jamais en cause, que l'on ne voit même plus, comme la vierge d'eau bénite sur la table de nuit, le torero poussiéreux ramené d'Andorre trônant sur le napperon recouvrant le vieux téléviseur noir-et-blanc à 4 chaînes et 5 boutons, les tapisseries gitanes grossièrement tissées magnifiant des scènes de carrioles au bord de courts d'eau lointains, des boules de neige d'un énième pèlerinage...Bref... des éléments de décoration.

 

A table, sait-on pourquoi, peut-être une sortie précoce de l'âge bête, après les langoustines, le rôti, le dessert, le café des grands, et l'énième digeo, moi, effronté, pose une question avec toute la fraîcheur d'un ado qui commence à sortir de sa condition, prenant conscience de son environnement. Question bien innocente ma foi... Mais quelle bombe n'ai-je pas lancée ce jour là :

 

" Papy? C'est quoi tous ces tableaux de bateaux au mur?"

 

Je crois que le silence de dix tonnes qui a suivi a été l'un des plus longs que j'ai eu l'occasion d'expérimenter.

 

" JACQUES !! (mon père...), éructe mon grand-père.

- Oui?...

 

-...

-.......

 

- Tu ne LUI as rien dit ?!? ré assène l'aïeul violent.

- Et pourquoi aurais-je du le faire? Contre "mon-papa-adoré" en opposition de demi-rébellion face à la figure sur-paternelle (où est l'autorité pour un jeune mâle tout juste sorti de l'enfance, papa? papy?).

 

-... (silence outré)

-... (silence buté) "

 

Mon grand-père et mon père se font face dans le plan de table établi depuis toujours... Pendant longtemps... très longtemps... et quelque chose se passe... (Rom=16, Géniteur= 48 ans, Alpha-géniteur= 87 ans)

 

Mais pour comprendre il faut faire un

p

etit aparté génétique : dans ma famille on possède plusieurs particularités génétiques :

 

- Système endocrinien bizarre : la caféine m'endort, mon frère est insensible au somnifère et mon grand-père aux antalgiques, morphine comprise, mon père kedalle, pas de bol...

- On est tous taillé comme des nains de la Moria : toujours l'impression d'être plus larges que haut => (papy Hauteur 1m56 Tour de Poitrine 1m06), (le pater H 1m68 TdP 1m14), (moi H 1m79 TdP 1m27) mesuré un soir de Noël par les femmes qui nous aimaient (elles étaient très fières nos femmes apparemment !... ou très moqueuses qui sait? Bonne rigolade de femmes de différentes générations Ô combien complices et Ô combien classes! ( ben woué parfois, qu'il est doux de rendre les armes et d'être bien benêt et docile  :)

 

Mais, mais, mais, le plus important... ce qui nous rend probablement un peu séduisant aux yeux des femmes qui nous font l'honneur de nous avoir choisi.

Un témoin génétique de ce que je craignais enfant... Les GROS YEUX...

 

Dans ma famille, la couleur de nos yeux change en fonction de nos humeurs :

 

- le Grand-père a les yeux bleu-arctique qui deviennent bleu-tempête quand la colère monte sans rien demander... Combien de fois ai-je vu ces yeux changer de couleur, parce que j'avais trempé mon doigt dans le beurre, que mes mains sentaient la mer, que mes chaussures étaient sales...

 

- Mon Père a les yeux jaunes... vraiment jaunes... qui deviennent vert foncés quand je mens, quand je ramène un mauvais bulletin, quand je me suis fait coller une énième fois....

 

- El Frangin, hermanito, a les yeux ambres, une couleur exceptionnelle, qui virent rarement... Et d'ailleurs, quand je les ai vu virer c'était dramatique, ils passaient du bleu sombre, au vert jade, plein de nuances, sans doute à cause du sang circulant dans nos iris... mais pour des causes vraiment graves...

 

Bon... finies les listes !... On en était au :

 

-... (silence buté) , de mon père.

-...

-...

-...

-...

- … Bon si tu lui a rien dit mon fils, je vais m’en charger ! »

La suite au prochain numéro....

 

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11 avril 2009

o vento

rose_ventsJ'ai pris le temps de prendre le temps, et les vents m'ont repris dans leurs chants, comme avant : extrait...
(et pour Amalia, tu avais raison, les jeux de mots en vrac, c'est bien l'Horloge de Baudelaire, je te dois un carambar :)

Les vents sont parfois ma mère, parfois mon père, parfois traîtres et changeants, comme l'image de mes belles et de leurs tourments, me laissant amer, brisé sur leur brisants.

Parfois, les vents, me portent d'autres nouvelles : pierres faîtières de mes instants, pour me susurrer en un souffle, l'espace d'un moment, qu'on ne lutte pas contre les temps... Le Temps... du fond des âges, qui "chuchote : souviens-toi!" et l'autre qui "Maintenant dit : je suis Autrefois", pour me rappeler à chaque seconde qu'aux berges du repentir, les délices des saisons qu'il porte, qu'il charrie en son sein, trompe mon horizon d'insecte folâtre, au sons beaux de "De l'Air!" (hum?..Hume!)

Les vents sont mes guides, charrieurs de parfums, débaucheurs de Tout, vindicatifs et capricieux, absents parfois comme pas deux. Et je me reviens, dans l'esprit vaporeux des sourires éthérés que je peux croiser, l'espace d'un temps, où le vent Verissimo me porte, un soir de presque été, vers la vie des gens vieux, jeunes, beaux ou laids, que j'ai pu croiser. Vers les parfums de jasmin, main dans la main. Vers les senteurs d'automne au creux de mes pognes. Sur les vers de l' ambre vert de vos yeux. Le long des méandres de vos baisers tendres. Face à la vie (quelle est belle celle-là!) qui vaut la peine d'être vécue! Chevauchant les vents d'orient qui guerroient contre des tourmentes invincibles. Acceptant les vents invisibles de mes côtes imaginaires, faisant miens leurs charmes amis. Ou dans des moments d'absence, se lover dans l'haleine des vents de folie, de colère et de haine. Hé!Ho! Lien?

Foin d'inspiration, je m'essouffle en un souffle.. Mes pailles de bises se brisent... Mes maux décollent et au moins autant, en emporte le vent...

et la musique :

http://www.deezer.com/track/248940

http://www.deezer.com/track/1017329

et merci pour le spectacle :)

 
30 mars 2009

Le conte de Bielefeld (1ere partie)

0805_smoke_ghostDeux raviolis survivants, se battent pour l'hégémonie dans son assiette. Ils dansent un ballet animé par les mouvements rêveurs de sa fourchette dans la sauce amatriciana...

Anya rêve... Arbitre suprême de cette haute lutte rageuse entre deux bouts de viande farouches, engoncés dans leurs armures de pâtes flasques. Une lutte qu'elle ignore totalement d'ailleurs, car Anya rêve à d'autres paysages, d'autres lieux et surtout à quelqu'un d'autre. Elle est assise, seule, à une table de ce petit resto italien dans la banlieue d'une petite ville allemande, car Anya s'est une fois de plus jetée sur les routes, pèlerine du Saint-Commerce pour répandre la parole sacrée du joint hypertore et du raccord haute-précision. Il y a quelque chose de très étrange, d'un peu triste mais d'infiniment rassurant en même temps à concevoir qu'un être comme Anya puisse travailler pour l'industrie et faire ce genre de travail. C'est du moins ce que lui a dit le jeune homme à qui elle est en train de penser juste maintenant, alors qu'un ravioli s'apprête à exécuter "propre et net" son rival d'assiette. A cette pensée, Anya sert sa fourchette de colère, a tel point qu'elle dérape dans son plat créant un mini vortex, perturbant sans s'en apercevoir la lutte primordial de nos deux gladiateurs en sauce. Comment s'appelait-il ce petit con rencontré à Douai? Kevin c'est ça?... Kevin, oui, et elle le sait très bien d'ailleurs, pas la peine de s'inventer une fausse distance, un feint mépris, elle ne peut pas se tromper elle-même... Il l'a touché, il l'a blessé...

Kevin, pauvre petit Kevin, avec ses certitudes, ses vues et ses théories sur la vie qui après quelques verres, bien en confiance toute virile de jeune mâle, pas sûr de son charisme ni de son pouvoir de séduction mais tellement sûr de son intellect, faux modeste, vaniteux sans envergure, s'est fait prendre aux vapeurs de l'alcool et s'est convaincu tout seul de l'avoir séduite, de l'avoir tellement séduite... Alors tout a basculé, il s'est mis à pérorer ce con...

Quelle grande théorie !!

Rewind :

Ils sont attablé tous les deux dans la petite brasserie à la porte de laquelle nous avions laissé Anya

" Tu sais qu'en fait je n'ai pas arrêté de te regarder toute l'après-midi, et je savais pas comment t'aborder...

- tu fais un flatteur déplorable mon cher Kevin, répartit Anya quand même un poil touchée par l'aveu

- ben euh... en fait si si ! c'est pas de conneries !

- Et quelle éloquence mon cher !"

Il est venu la retrouver, trempé de pluie, son pull informe d'étudiant attardé est encore tout fumant d'humidité dans l'atmosphère surchauffée de la brasserie.

" Bon ok pour l'éloquence... Je peux te faire découvrir nos bières locales pour me faire pardonner

- Je préférerais du vin... répond Anya, adoucissant son refus par un charmant sourire."

Et c'est à partir de ce moment que tout commence à s'écrouler progressivement, avec une lenteur insupportable. Le pauvre Kevin ayant un peu trop abuser des spécialités locales... Devisant puis pérorant sur de plus en plus de choses, de plus en plus de sujets, et malheureusement, de moins en moins élégamment.

Après deux heures de discussions confuses, Kevin entame ce qui sonnera le glas de la soirée :

" Tu sais en fait je trouve terrifiant et en même temps rassurant que tu bosses pour un truc aussi prosaïque que des machins hydrauliques. C'est vrai ! Sans dec ! t'as un physique et un charme de princesse de conte de fée, et en même temps, tu vois, c'est super de te voir bosser là-dedans parce qu'en fait ça te remet au niveau des autres, tu vois? Genre, y'a quelque chose de rassurant, pour monsieur tout le monde, genre moi, enfin pas tout à fait moi, à voir que les princesses aussi sont obligées de s'ancrer dans la réalité...

- pardon Kevin, mais, si je te comprends bien, tu veux dire que je justifie en quelque sorte ta médiocrité, que je te rassure, "genre"...

- ben ouais, c'est un peu ça..."

Anya sent une colère froide monter lentement en elle.

"Dis-moi Kevin, pour qui tu me prends au juste?

- ben pour une super jolie fille que j'aimerais mieux connaître, repartit Kevin le regard louchant et l'équilibre de plus en plus précaire.

- en fait je suis une jolie "princesse" dont tu méprises le boulot, et par là même les choix qu'elle peut faire, mais qui serait idéal pour t'éclater un petit moment, c'est ça? demande Anya en se penchant doucement vers Kevin, un sourire angélique aux lèvres.

- ouais !! en gros c'est un peu ça !! répond le jeune homme, ricanant et maintenant totalement désinhibé. Le prend pas mal mais t'aurais pas pu faire un autre boulot? Chais pas moi dans un truc plus glamour? Parce que la princesse au boulon, pardon mais ça fait un peu spé !"

Kevin rit très fort de sa plaisanterie, part involontairement en arrière, bouscule la personne se trouvant à sa gauche, et se rattrape péniblement au comptoir.

" Euhh... pardon, j'ai un peu bu ! mais elles sont bonnes nos bières non?"

Anya écourte le sursis accordé à ses raviolis, les empale tous les deux sur sa fourchette et les portent à sa bouche, mettant ainsi fin à la lutte d'assiette minuscule et fratricide de ces dernière minutes. Elle se tamponne les lèvres de sa serviette et lève une main pour appeler un serveur. Anya n'a pas envie de rentrer, elle veut reboire un verre de vin. Elle a le temps, et de toute façon, l'histoire de Douai ne passe toujours pas. Ce fameux soir, elle l'a planté dans le bar. Il a essayé de la rattraper en titubant, mais s'est effondré à mi-parcours sur un trottoir pour vomir. Anya est rentrée à son hôtel écœurée, se laver et se coucher pour dormir d'un sommeil sans rêves, et fuir au plus vite Douai à qui elle ne redonnerait plus de seconde chance.

Le serveur lui apporte le verre de vin demandé. Tchatcheur reconnaissable à 2km, il lui fait un brin la cour avant de lui amené un verre de liqueur digestive "pour la plus belle des clientes de la soirée". Anya le remercie d'un faible sourire. Elle n'a pas la forme pour se faire draguer ce soir, même si l'homme, archétype du séducteur rital, à l'air plus sympathique et moins matamore qu'il ne veut le laisser paraître.

Le rêve la reprend… gentiment, doucement, s’approche caresse de plume. Il est si facile de se dissoudre dans les rires ambiants. Une petite fille, deux ou trois tables plus loin, presque encore un bébé se tient toute fiérote debout sur sa chaise, les mains fermement agrippées au dossier et dévisage Anya comme seuls savent le faire les tous petits enfants.  Anya lui sourit tendrement. La petiote, timide, la dévisage avec sérieux et solennité, avant de fleurir d’un immense sourire à trois quenottes minuscules, se cache derrière le dossier, ose un petit œil rieur pour surveiller l’ennemi, se replanque derrière le bois de sa chaise, puis se dresse sur ses petites jambes, l’œil plein de défi dardé sur Anya… Un « bouh » de cette dernière et la petite musaraigne se carapate derrière son bouclier-dossier,  en riant d’une terreur ravie ! Le jeu continue comme ça quelques minutes jusqu’à ce que la petite fille détourne le regard sur la gauche, l’attention retenue par autre chose, sans doute un éclat de lumière sur les dorures kitsch du resto, ou peut-être par un bruit incongru… Anya repart dans ses songes, laissant son regard flotter droit devant elle.

Au bout de quelques minutes, elle réalise de façon quasi inconsciente que le petit bout de chou, toujours dans son champ de vision, n’a pas bougé et continue de fixer un point sur sa gauche. Elle porte alors son regard dans la direction pointé par le regard de la petite... Elle le voit, elle le voit très bien mais a du mal à y croire. Il la regarde fixement avec un demi-sourire malicieux. Il est debout immobile, au milieu du restaurant. Les serveurs l'évitent comme s'ils semblaient ne pas le voir. Il est tout de noir vêtu, pantalon de toile, col roulé, et docs aux pieds, ces docs qu'elle abore...

Le petit Breton !

Il ne peut pas être ici ! Anya l'a eu au téléphone il y a à peine une heure, et il était en France...

 

 

27 mars 2009

A ma Mère...

La marée je l'ai dans le coeur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus

Et toi fille verte mon spleen

Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
D'où nous remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sur mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle

22 mars 2009

bielefeld

Le conte arrivre... me suis planté sur les délais...

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18 mars 2009

Dolce Segreto

1080602189261103680NB : Les fotes d'ortografes sont volontaires

Bon ça va faire un peu Roger Bond ce que je vais raconter là, mais bon...
Je ne parle jamais ici de mon travail et pour cause.
Je suis hacrédité/abilité à pas mal de niveaux de la défonce nationale (française) et de la défonse AUTAN. Et je bosse notamment pour batir l'architecture d'outils très puissants et un poil convoité pour aider dans leur tâche les gens qui traquent les professionnels de la tereur.
Il se trouve que je viens de recevoir un mail-boulot, me prévenant gentiment que mes habilitations vont être réexaminées (procédures régulières) et qu'il est très facile de trouver ce blog sur le net, voire qu'il est visible comme un sapin de noel dans la nuit noire. Et qu'il m'est fortement conseillé d'y aller molo sur les publications (même si elle ne font de mal à personne, sic) enfin bref de rester discret.

Donc je suis en train d'argumenter car j'ai ma vie privée qd même et je n'ai absolument pas envie de fermer ce blog, mais il se pourrait que j'aie quand même à le faire pour en rouvrir un de manière plus anonyme. dans ce cas je préviendrai et donnerai par mail la nlle adresse à qui la veut.

Ceci dit, je ne suis pas du tout d'accord avec ce genre de méthode et je tenais à l'écrire, pour que les personnes en charge de la captation des sources, qui ne vont pas manquer de lire ce message (les fautes d'orthographes sont donc volontaires) le sache. Je le fermerai si je le dois car j'aime énormément le travail que je fais, mais ces méthodes me semblent un peu excessives, voilà ...

Sur ce, viendra demain la suite du conte de Douai, sous la forme d'un autre conte bien inoffensif.
Bonne nuit à tous.

8 mars 2009

cadavre exquis...

avataryop yop ! ma meilleure copine vient de m'apprendre l'origine du "cadavre exquis", du coup en fait un petit juste en impro... les dames d'abord :

une lampe de  couleur rouge s allume dans ma chambre. c est encore mon petit qui s est réveillé et a mis sa veilleuse. il commence a etre tard!

Tard pour un exercice de style. tard je suis près de la gare, beau leitmotiv, je patiente en regardant les restes cabossés d'une locomotive. Suis pas sûr des chemins qui s'ouvrent.

Chemins? Eh oui il est bien difficile pour moi de comprendre ce qu'il se passe en ce moment. Le boulot, bref, ma vie sentimentale... mais bon, je ne désespère en rien... Demain j'irai vers un arc-en-ciel.

d'un arc-en-ciel, je suis tombé sur la mère terre, pour rebondir comme un môme sur les petits plaisirs de la vie. bien malin celui qui pourra m'attraper à ce jeu de dupe... et soulever sa jupe...

Il décida de voir un peu plus loin mais hélas, elle décida que le geste était des plus déplacés, sanction immédiate, tape sur la tête qu'il avait perdu... Retour chez elle prompto, tout en pensant à lui, pleine de souvenirs putassiers... décidant de télescoper son amour du pendant, pendeur, dépendeur de toujours, et de tout lui narrer...

un narrer de mort? une gageure? rien moins qu'une fistule mure, un danger, une chance,fortune me dit-elle, et soupire bien gamin... prends le grain, le tangon, la drisse et l'écoute... choque tes oreilles petits mousses... le destin te drossera sur nos récifs...

recifs de petit breton, oui peut-être, mais je m'en fous, rien n'est peur petit matelot... la vie est peut-être dûre et futile, ma mère morte au creux des vagues, et alors? crois-tu connaitre la vie?

Vie de vague, vague à l'âme, mon vit divague, mes remous, mes turpitudes... ma liberté de bruncher dans le plateau gras de nos fêtes avortées, de tes responsabilités, des humeurs, des parfums des autres... une vie... donc... le dernier mot?

connaissez-vous le big bang? c'est parmi tant d'autres des choses apprises, toujours remises en question... Et voilà... et parlons nous ! mon dernier mot? je suis Soaz... bientôt xx ans... et la célébration de notre naissance à Rom et à moi approche... degemer mat... a tous...



24 février 2009

Princesa

olgaComment faire... oui, comment faire... lorsque l'on est pas à la hauteur...

Lorsqu'un passé, votre passé vous rattrape, lorsqu'on l'on a une chance de faire... lorsque l'on est dans une situation pour laquelle la plupart de vos amis vous jalouseraient, voire vendraient un rein pour l'insigne plaisir d'être à votre place...

Que dire...

Basculer amoureux d'une princesse ?... et lutter de toutes ses forces pour que ça n'arrive pas... pour garder sans doute l'illusion d'un futur absurde dont l'image me servait de pansement... les possibles éphémères et commodément lointains...

Comment donner du temps au temps, et comment lui dire... elle qui a provoqué tout ça, tant de choses et peut-être plus, qui a rallumé la petite flamme d'une promesse de bien et de bonheur... tellement terrifiante...

Comment lui dire... comment n'être plus grand-chose pour réfléchir... au sens premier, me réfléchir, me sonder, en silence, seul... comme toujours... savoir... savoir vraiment... sans lui faire subir... surtout ne rien lui faire subir, de mes chaos, de mes errances, de mes ratés...

Elle est trop belle à l'intérieur, j'ai tellement peur d'abimer quelque chose que je ne connais pas encore... elle ne mérite pas mes blessures, mes murs à cent à l'heure, mes collisions incertaines, et mes incertitudes...

J'étais seul, et en l'espace de peu de temps je ne le suis plus... à peine plus...

comment... comment lui donner le temps, de me donner le temps de voir en elle... vraiment... :)

Je tiens peut-être à elle, je sais pas encore bien, et elle m'est précieuse, mais bien malin qui pourra me dire comment lui parler... lui parler de moi, de mon univers et surtout comment l'y inviter, sans la blesser, sans me donner en spectacle pour un vide, pour un rien de silence dur à assumer... comment l'écouter, vraiment... qu'elle me parle... en faisant abstraction de mes rodomontades, mes sketchs trompeurs de silence, de ma maladresse... J'aurais voulu lui parler, et je n'ai fait que lui raconter de belles histoires... Dieu sait que je suis doué pour ça, mais j'aurais voulu qu'on se les invente ensemble... et je crois que je ne lui en ai pas donné le temps...

Une princesse c'est beaucoup de choses, mais d'abord une certaine forme d'élégance de l'âme, faite de maîtrises multiples (oui je sais,facile :) ), de beaucoup de charme, de grande pudeur quand vient le temps de démasquer certaines solitudes... Alors comment lui dire, que le prince benêt, le chevalier tout cassé, a vu certaines choses, et voudrait la retrouver dans un monde à eux... comment lui dire qu'il voudrait du temps avec elle, vraiment elle, alors qu'il peut juste l'écrire et pas le dire... comment lui dire que le petit Rom sait qu'au fond d'elle, elle sait qu'elle est une conteuse et une raconteuse d'histoire... mais que le petit Rom peut bloquer plein de choses contre son gré, alors faut pas qu'elle ait peur ni qu'elle hésite, si l'envie lui prenait de suivre ce petit chemin...

Comment puis-je faire pour lui dire que je cherche derrière sa confiance, ce qu'elle est vraiment...

et elle est tellement... tellement... tellement... (hey Rom, tu perds tes mots, non? )

M'enfin bon... des bisous...

10 février 2009

Mieda de mierda

MainsIl est 5h du mat'... c'est le chaos absolu, comme si l'univers se repliait sur lui-même. Le vent gronde, hurle, tape, étrille les parois de mon nid, de mon chez moi. Les murs grondent et vibrent. Dehors, la danse des vents bat son plein. Les vents partent en guerre, une guerre invisible contre mon, notre ego, contre nos vanités, tout est clair, on sombre corps et biens... plus ne m'est rien, je suis au milieu d'une tornade, un lampadaire vient de se faire arracher de son socle comme une brindille morte de son arbre. Mais j'aime ça ! Dieu que j'aime ça ! Un amour de gamin téméraire, teinté de peur. Une invitation à la folie et à la démesure. Je redeviens petit garçon...

Il y a bien longtemps que rien d'extérieur ne me faisait plus peur. Là j'ai 8 ans, je suis dans l'eau, le temps est mauvais, mon père me tient par la main et m'empêche d'être emporté par une vague de 2m, je ris d'un plaisir immense et terrifié, le ciel est noir comme la nuit. Le vent hurle et l'eau est froide, très froide, mais mon père me dit de combattre ma peur. Comme une litanie de Bene Gesserit. Je crois qu'il veut me faire comprendre qu'on ne peut éviter certaines choses mais qu'il faut faire front parfois. Seuls les animaux, les bêtes sont irrationnels.

J'ai 10 ans, je dois débrancher un appareil électrique dont la prise commence à grésiller dangereusement. Je n'y arrive pas, j'ai trop peur de la décharge. Une flamme apparait, je cris qu'il y a le feu ! Mon père arrive en courant, sans hésitation se saisit de la prise, se prend la décharge en débranchant la prise et m'éloigne des lieux de la panique dans ses bras...

J'ai 22 ans, je suis un cadavre vivant, en perpétuel panique. Je m'enferme dans la cave de mes parents au coucher du soleil tellement l'angoisse est insupportable, et je me tais et hurle à l'intérieur, pétrifié. Personne ne peut rien y faire, je suis un oiseau, un animal terrifié par la tombée du jour, un animal paralysé qui a perdu son chant. Mon frère se tient devant la porte, depuis les profondeurs de mon calvaire j'arrive à lire dans ses yeux toute la détresse de voir cet être qu'il aime, son frère, cette demi-bête recroquevillée dans un coin... il éteint la lumière et dans le noir vient se blottir contre moi et je retrouve quelques secondes mon statut de grand frère...

J'ai toujours 22 ans, nous traversons les alpes en famille, je conduis. Autoroute de cauchemar, la circulation est hallucinante. Alternent tunnels hypnotiques et viaducs enjambant des précipices démentiels, sans bande d'arrêt d'urgence, impossible de s'arrêter, pas de recours. Une crise de panique me prend au 13ème tunnel. je continue, je m'accroche, je ne peux pas céder, ma famille tout entière est dans la voiture, je ne peux pas, je ne peux pas, c'est l'enfer !!! les secondes sont des siècles, je n'y arriverai jamais !!! jamais !!! jamais !!! Je vais tous les tuer, mon dieu !!!... Mais je tiens... j'y arrive... une bande d'arrêt d'urgence nous sauve, j'arrête tout... je sors de la voiture tremblant, nauséeux, ravagé... Mon père sort... ne dit rien, me tend une clope... et me sourit...

J'ai 31 ans, je sors d'un bar, une bande de 5 mecs m'attendent, ainsi que les deux amies qui m'accompagnent... La situation est sans issue, ils commencent à m'envoyer des gifles provocatrices, puis devant mon manque de réaction, devant ma volonté bien inutile de concilier les choses, commencent à gifler les femmes qui m'accompagnent, j'ai très peur, envie de vomir, l'estomac noué... Je me jette sur le plus proche et en mets deux à terre... les trois restants m'ont frappé à terre pendant 10 très longues minutes avant de partir... Je n'ai jamais vu plus beaux sourires que ceux que m'ont adressé mes amies... après...

Qu'est-ce que la peur? Je sais vraiment pas, ce soir que tous les éléments se déchainent. Je me sens tout petit. Comme si j'étais redevenu le gamin terrorisé par les vagues...

Ce dont je suis sûr, c'est qu'on est jamais, jamais sûr de gagner contre elle... mais on se sent tout de même un peu moins "bête" à force d'essayer...

une bonne nuit et des bises.

1 février 2009

Le conte de Douai

1516136027_26627de415Anya a 28 ans, elle est belle et intelligente.


Beaucoup de ceux qui la connaissent, pensent, à raison, que tout est fait pour lui réussir. Vous savez, ce genre de personnalité un peu écœurante qui a tout pour plaire, de celles qui nous font très lucidement douter de l’égalité des chances au départ. Le genre de princesse qui vous fait vous demander pourquoi elle, elle a eu les belles fées qui se sont penchées sur son berceau, alors que vous, vous avez au mieux réussi à choper Yvette Horner…

Bref, Anya est légèrement énervante.

Mais ce soir, Anya a un problème, elle est coincée à Douai. …Oui je sais, c’est dur…

En plus il pleut…

 Douai !

Douai et son petit centre historique, Douai et ses petites brasseries si pittoresques plein de belges en goguette, Douai et son salon de l’hydraulique ! Justement, Anya sortira très bientôt de ce fameux salon.

La journée a été bonne pour l’entreprise d’Anya, mais peut-être un peu moins bonne pour elle-même. Anya, comme toute princesse qui se respecte, a reçu une excellente éducation et sait se comporter de façon très digne même dans les situations les plus délicates. Vous verriez son sourire, il est quasiment indécent de pouvoir se comporter avec autant de maintien et de classe devant Guy Vandernoot, VRP de son état, chez Hydrobel SA, qui lui explique, avec un enthousiasme déjà bien alcoolisé, le succès fulgurant de son dernier modèle de Parker-Denison.

Sex !

Anya se dit, en son for intérieur, que 5mn de plus à déguster l’haleine avinée et l’enthousiasme tout en sueur de ce bon Guy, et il se pourrait qu’elle tourne de l’œil. Notez bien qu’il n’est pas méchant, et certes très respectueux, mais il fait partie de ce genre de personnes qui font que vous vous sentez plus seul dans la vie, bien plus seul qu’avant que vous ne les ayez rencontrées. Guy est malheureusement aussi hermétique au monde des autres que les valves de ses pompes anti-pulsatoires peuvent l’être. Alors Anya s’évade, pas physiquement, elle est encore coincée pour une bonne demi-heure avant la fermeture du salon, elle commence juste à rêver. La logorrhée de son interlocuteur, n’admettant que quelques réponses mono-syllabiques, lui permet de prendre la tangente en pensées. Elle n’a aucun mal à le faire, c’est l’apanage des belles femmes que de se faire draguer régulièrement à coup d’inepties. Les sourires absents suggérant que «oui-oui, ce que tu raconte est tout à fait fascinant», ça Anya elle maîtrise bien!

Alors Anya part petit à petit… Hydrobel SA… ça sonne un peu comme hydromel ça… c’est quoi au juste l’hydromel ? ok, c’est un alcool, la boisson des dieux ou un truc dans le genre, mais c’est fait comment ?... ça évoque des korrigans, des lutins et tout ça… ça fait un peu bruyère, vieux arbres, vieilles pierres, un peu comme la Bretagne… Enfin sans doute comme la Bretagne, elle n’y est jamais allée. Faudra qu’elle songe à y remédier… D’ailleurs sa copine Camille vient de s’y installer… et puis le petit breton de facebook, comment s’appelle-t-il déjà… ha oui ! Thomas… Il lui a promis une histoire sur Douai… faudrait le lui rappeler, pour voir si c’est que de la flambe…

La Bretagne, ça doit être bien différent de Marseille… Entre Marseille et elle, c’est pas le grand amour… Bon y a bien la fougace, les barbeucs en été, la mer, les soirées du port… Mais, c’est pas non plus que des bons souvenirs… des fois ça fait très mal… Mais c’est peut-être aussi là-bas qu’elle a trouvé la force de repartir…de devenir la jeune femme comme on en rencontre peu, ce que lui disent ses amis…

 

« Mademoiselle ? Puis-je me permettre de vous offrir cette coupe ? »

 

Le babillage de Vandernoot s’est arrêté brutalement, la sortant de sa rêverie. Un jeune homme dans les 25 ans se tient devant elle. Un grand sourire un peu timide, mais très engageant.

 

« Je suis désolé, je vous dérange peut-être ? Je vous voyais seule depuis que le gros monsieur s’est absenté, mais je ne voudrais pas vous déranger. »

 

Déranger ? Non, ce serait plutôt inespéré, tout vaudrait mieux que ce brave Guy.

 

« Je m’appelle Kevin »

 

Aïe ! Mauvais point ça…

 

« Et je suis sur le stand de l’école des mines, mais bon on peut estimer que ma journée est finie, j’ai laissé deux de mes étudiants prendre le relais.

- Vous ne me dérangez pas Kevin, vous êtes enseignant ? répond Anya en se saisissant de la coupe de Champagne.

- Oui. En fait pas exactement, je finis ma thèse en mécanique des fluides.

- Ah oui ? glisse Anya avec un début de sourire goguenard.

- Au ton de votre « ah oui », je confirme, c’est pas le truc le plus hype qu’on ait inventé. Mais bon c’est la réalité. Je fais de la physique à Douai.

- Et le Prozac, vous arrêtez quand ? »

 

Kevin part d’un grand éclat de rire, dévoilant une dentition ultra-bright du plus bel effet sur son col roulé noir. Un beau brun avec un rien de charme infantile.

 

« Et votre thèse porte sur quoi ?

- Vous voulez vraiment le savoir ?

- … en fait non vous avez raison.

- Je me disais bien aussi

- Parlez-moi plutôt de Douai. On peut faire quoi à Douai le soir ?

- A part glisser sur les crottes de petites vieilles ?

- Pardon ?

- Désolé, c’est de l’humour potache… A Douai ? Le soir ? il y a quelques brasseries sympas, où les étudiants sortent boire des pintes, à part ça, je vois pas trop.

- Dites toujours

- Ben y a un bar sympa près de chez moi sur les bords de la Scarpe. Ça s’appelle « À l’Espérance »

- Ça veut dire qu’il y en a un peu à Douai alors. Tout n’est pas perdu, non ? »

 

Encore un très bel éclat de rire

 

«  Je vous aurais bien aidé dans votre cauchemar, mais je suis malheureusement pris ce soir, s’excuse-t-il les yeux rieurs.

- en tout cas mon malheur vous fait bien rire on dirait ! répond Anya l’air faussement vexée.

- Non non désolé, mais je dois vraiment vous abandonnez, je suis déjà en retard. Au plaisir de vous revoir… ?

- Anya.

- Et bien je vous souhaite bon courage Anya ! Vous serez présente demain ?

- Non mon avion décolle tôt.

- Ah dommage… réplique Kevin, le sourire évanoui. J’ai été très heureux de faire votre connaissance

- De même. »

 

Bon c’est la poisse. Lost in Douai. Faudrait suggérer ça à Sofia Coppola, elle en ferait peut-être quelque chose…

 

Il est 19h30, il fait nuit et il pleut, tout pour déprimer, mais curieusement, Anya se sent légère. Même si c’est dur à reconnaître, l’architecture du centre ne manque pas d’un certain charme. Ça sent bon la Flandre, le charme un peu suranné des villes du nord. Les petites jardinières aux balcons des maisons baroques, le bruit des gouttes de pluie allant rejoindre leurs sœurs à la surface de la rivière. Le vent sur les toits d’ardoise sombre, on se croirait presque dans une chanson de Brel. D’ailleurs le vent, curieusement chaud pour la saison, semble chanter. C’est très différent du mistral ou de la tramontane, c’est un peu mélancolique, plus doux, comme s’il évoquait l’âme de ce peuple du nord, tranquille et fort. Il y a quelque chose d’intemporel dans la façon dont il caresse les pierres noires et les pavés délavés de cette ville. Qui peut savoir… il chante peut-être l’âme des flamands, prisonniers d’un autre temps, ou peut-être celles des tercios espagnols qui ont fait trembler le monde avant de venir s’éteindre dans les plaines de ce pays. Le champagne aidant, la pluie se fait moins sentir, et on dirait qu’Anya est en train de laisser sa chance à cette ville, mais c’est connu, l’alcool fait faire des trucs pas net…

Mais tant qu’à faire, elle se dit qu’elle pourrait peut-être aller chercher l’espérance dans le rade éponyme. Ça pourrait réserver des surprises, et au pire, des anecdotes à raconter en revenant.

 

Après quelques minutes de marche supplémentaires, Anya aperçoit l’enseigne du bar en question. Sous la pluie, là, tout de suite, elle hésite. Elle a envie de continuer à marcher dans la nuit, à écouter le chant du vent. Les fenêtres de la taverne sont embuées. On entend les sons un peu étouffés de rires, des éclats de voix, des débuts de chansons qui se finissent en clameurs joyeuses. Alors revient aux pensées d’Anya une phrase entendue quelque part : « le soleil qu’ont ne voit pas dans le ciel du Nord, on le trouve dans les yeux de ses gens. ». Et elle prend plaisir, en cet instant, à hésiter, à jouer avec l’idée de plonger dans ce petit monde chaleureux et agité, si attirant derrière les vitres. Dans le même temps, ça fait si longtemps qu’elle n’a pas retrouvé le temps… c’est comme si cette petite balade l’avait lavée. Lavée du bruit, de la futilité marseillaise, des pompes hydrauliques, des Vandernoot, de l’OM et des amitiés en demi-teinte. Tout ça, c’est si proche de son nord à elle, pas si loin de l’Allemagne non plus… Elle hésite… et finit par rentrer dans le bar…

 

 

La suite au prochain numéro, je vais dîner chez des amis,

Des bises

Rom

 

 

4 janvier 2009

Vox Populi (2nde manche)

macdoJ'ai aussi revu mon Jedi en jupon et on s'est fait une toile tous les deux. Je ne sais pas comment ça va évoluer...

Piqure de rappel pour ceux qui ne connaissent pas le Jedi en jupon :

Il y a quelques jours, une amie et moi avons décidé d'aller au cinoche.
Avant la séance, je m'aperçois que je n'ai rien avalé de la journée. Du coup, pendant qu'elle se fume une clope en téléphonant à un de ses étudiants, j'entre dans le restaurant gastronomique américain le plus proche du cinéma, pour me commander un gros menu Mac Dégueu avec un plaisir honteux et une excitation de gamin voleur de sucettes... le bonheur ! En faisant la queue, je me sens léger. Il fait beau, le soleil se couche sur ma ville, projetant cette lumière ambre et rose sur tout ce qui m'entoure. Le matin même, ma voisine de 75 ans, à laquelle j'avais rendu service en changeant chaotiquement un joint d'évier en prétendant être un pro (quelle blague !), m'avait offert des chocolats en m'assurant qu'on avait cassé le moule de jeunes hommes comme moi depuis bien longtemps. Un peu plus tard une jolie contrôleuse du bus, m'a épargné ses foudres en échange d'un sourire et de la promesse que "Juré ! la prochaine fois je paye mon ticket !". Dans l'après-midi, le Collège de France, m'appelle pour me faire part d'un projet ambitieux auquel il faudrait que je participe "absôôôlument". Dix minutes plus tard, on me propose le poste de responsable scientifique d'une boite d'I.A... Enfin bref, une bien belle journée mes amis !

Et là, ceux qui me connaissent attendent bien sagement avec un demi-sourire que ça tombe dans le gore, ou au mieux, dans l'humour noir. Mais non ! Même pas ! Pas cette fois-ci !

Je faisais donc la queue dans ce fast-food avec, je l'imagine, un sourire des plus niais scotché sur la face. Mon tour arrive, je m'apprête à commander ma ration de survie de la façon la plus commune : c-à-d le nez en l'air, fixant bêtement les enseignes lumineuses énumérant les différentes variantes de sandwich au gras et de boissons sur-caloriques, proposés à ma concupiscence, quand soudain quelque chose me fait baisser les yeux...

Une voix !! Mais quelle voix mes aïeux !! Une voix magique sortie de la petite serveuse haute comme trois pommes qui me regarde avec de grands yeux immenses que souligne un grand sourire tout juste sorti de l'enfance , contenant en lettres d'albâtre toute la joie de vivre, l'innocence, la fraicheur de quelqu'un à qui la vie ne peut que sourire. Quelle confiance dans ce sourire ! Quelle harmonie dans cette voix !


J'ai toujours été très sensible aux voix quelles qu'elles soient, mais surtout aux plus belles d'entre elles. Je pense que les voix sont comme les vins, elles se goûtent, se dégustent, certaines sont âpres d'autres douces, dures, longues en bouche. Vibrantes au palais, ronde ou encore fruitées. Il y a des parfums et des saveurs dans les voix. Une voix possède une robe, robe teintée des couleurs du passé et de l'expérience, ou robe d'une blancheur virginale. Robe de voix de vieillard dont les tons atones, effritent les nuances d'un camaïeu d'automne, de fin de vie bien remplie. Voix délavées de gens tristes ayant perdu leurs couleurs. Voix d'armure, voix de fer ou de velours. Voix de commandement, de corruption, de soumission. Voix de désir, enivrante, cassée, haletante, presque rauque, qui vous déshabille l'âme en quelques sons. 

On peut écouter l'âme de quelqu'un si l'on sait entendre sa voix. Dieu que de choses peuvent être contenues dans certains sons ! Mes voix préférées sont les voix sortilèges : qui comme une potion magique contiennent divers ingrédients précieux et rares qui assemblés, enchantent le cœur et trompent les sens. Un peu de larmes bleues de fée, quelques copeaux d'écorce d'arbre à rêve, un pincée de limaille d'ironie, quatre gouttes de rire d'enfant, une lichette de piment des diables, une bonne dose de bonne humeur ordinaire et le tour est joué...
Ces voix ont la beauté immatérielle qui tranchent dans la réalité comme le feraient certaines lames de légendes, des daishō du japon antique, pliés couche après couche par un maître forgeron, des milliers et des milliers de fois, chaque couche étant la marque d'un art et d'une vie symbolique, pour leur conférer souplesse et pénétration à nul autre pareil.


"Bonjour, bienvenue chez Mac Donald's ! Puis-je prendre votre commande?
- ...
- Monsieur?
- Euh...oui..oui, pardonnez-moi."

 

Ce qui me marque plus que tout dans cette voix, et que je n'avais jamais entendu auparavant, qui ne m'était jamais arrivé auparavant, est que cette voix avait le pouvoir de jouer avec mon temps intérieur. Oh pas de grand chose ! Quelques micro-secondes simplement... J'entends les sons sortis de ce petit être magique, et pendant un infime laps de temps, cet écho résonne en moi. Le sens des mots est en quelque sorte subordonné à leur musique propre, abstraite...
Ça y est ! J'ai trouvé ! Cette jeune femme ne parle pas, elle incante... Elle manipule les sons de pouvoir, ce doit être un Jedi en jupons. Je comprends tout très très légèrement à retardement. Ces mots ont un impact sur mon tissu intérieur, sur la membrane de mon surmoi, déclenchant une baston intérieure entre ma comprenette et mes sens pour le partage des mots qu'elle égrène dans les odeurs de fritures rances et de viandes trop cuites. 

Je reste muet quelques temps, tape mon code de CB comme un zombie, puis la regarde avec un air qui doit être du plus haut comique, vu le sourire goguenard qui se dessine sous sa visière d'employée dynamique.

    " Mac Donald's vous remercie ! Bonne soirée monsieur !
    - ...
    - Monsieur?
    - Vous avez une voix à rester sans voix mademoiselle... "

Léger rosissement des joues.

    " Je peux vous retourner le compliment ! incante-t-elle guillerette.
    - Nan mais sérieux! vous devriez en faire quelque chose !"

Silence gêné de sa part

    "J'ai dit quelque chose de mal ? demandai-je, inquiet...
  - Non, non... Je faisais de l'assistance aux suicidaires par téléphone avant de travailler ici, j'adorais ça mais les horaires étaient infernaux... Et c'est la première fois qu'on me dit depuis deux ans quelque chose sur ma voix. Et ça me rappelle avant...
    -... ah bon, c'est cool ça, l'assistance aux..., lançais-je plein d'inspiration"


Et là on est interrompu par un impatient, très pressé de s'enfiler sa malbouffe. Je lui dis au revoir, prends mes paquets et me dirige vers la sortie.

    "Monsieur ?!?
    -Oui?
    -Merci !

Echange de sourires...

Je n'aurais jamais pensé que "1 Big Mac et 1 grande frite, ça marche !" soit une formule magique...

On en apprend tous les jours...

4 janvier 2009

Prostintuition

charpenteJ'ai raconté cette rencontre chez Gaby il y a quelques mois. Je l'ai revu par hasard à Paris il y a peu, dans la rue,. Je n'étais pas sûr de moi mais j'avais l'intuition que ça pouvait être elle... Bingo! on a gentiment remis ça :)


Je ne suis pas très vieux, mais j'ai gagné ma vie de façon bien différentes les unes des autres... 

En ce moment, je travaille sur des chantiers de rénovation. J'oscille joyeusement entre la maçonnerie et la charpente, de l'isolation à l'électricité, de la plomberie à la peinture, etc, etc. Ça me fait un bien fou! Le chantier est au black et mes copains et moi devons bien faire nos 10h effectives de taff tous les jours. Épuisant mais extrêmement rassérénant. Ce travail me convient d'autant plus, que comme la miss Gaby, je suis resté très très longtemps à la fac pour pondre une jolie thèse bien copieuse et bien hermétique. Puis j'ai enseigné dans cette même fac pendant deux ans. Puis je suis sorti des sentiers battus à plusieurs reprises après ça : j'ai plaqué la recherche pour gagner ma vie avec ma musique, puis j'ai fait barman, puis « modèles pour nus artistiques » (si si ! Je déconne pas...). Jusqu'à ce que l'amour que j'entretenais pour une jeune femme parisienne un peu jeune dans sa tête mais tellement fascinante  me pousse à quitter ma petite ville de province et ses petits bars pour accepter une place au très prestigieux et très élitiste « Côooollège de Frâaaance ». C'est un temple de la connaissance et de la pensée. D'illustres inconnus tels que Champollion, Apollinaire ou Bourdieu y ont été professeurs. Le seul minuscule problème est qu'en fait de temple d'ouverture d'esprit, je n'ai trouvé là-bas qu'une bande de snobinards, certes très brillants, mais soumis à l'autorité stalinienne d'un professeur autocrate et cyclotomique, entretenant avec ses collaborateurs-victimes, des relations sadiques au possible. De son côté, pendant ce temps là, ma belle immature avait oublié de grandir dans sa charmante petite tête, alors j'ai plié bagage (mais Dieu que je l'aimais...) pour retrouver mes pénates, mes amis d'enfance et la fée Assedic. C'est ainsi que j'ai déboulé dans la charpenterie il y a peu...

Je vous entends déjà  penser : « c'est qui çui-la, qui vient squatter chez Gaby pour étaler sa Life!?! », mais en fait tout ça m'amène à raconter une petite histoire qui m'est arrivé la semaine dernière. 
J'entretiens la très saine habitude d'aller boire une petite bière après le boulot avec mes amis. Ça a le mérite de m'assurer un semblant de vie sociale, et de détendre mon petit corps meurtri par une dure journée de labeur. On se retrouve donc pratiquement chaque soir, avec d'autres trentenaires célibataires esseulés que je connais depuis l'enfance, dans un petit bar irlandais pas très loin de chez moi. Ce petit bar est un peu notre Central Perk à nous. Chacun y déboule, sa journée finie, sans s'être donné rendez-vous. Moi en débardeur platreux et pompes de chantier, d'autres en costards de jeunes cadres dynamiques, d'autres encore, look bobo et queue de cheval d'universitaires relaxes.
Un soir de semaine, je me pointe donc dans ce bar, tout content et le sentiment du travail accompli mais encore un poil amoché par une chute de 5m que j'avais faite quelques jours plus tôt, depuis la charpente de la maison que nous retapons. Dieu merci, miraculeusement je n'avais rien de cassé mais quelques articulations bien douloureuses quand même (faut pas pousser mamie dans les ronces, j'suis pas en adamantium..). Là... Personne... Mes amis, une fois n'est pas coutume, m'ont fait faux bond... Aucun d'entre eux n'est là et mon portable n'a plus de batterie... Si il y a bien une chose que je n'aime pas, c'est boire une bière tout seul. Deux choix s'offrent à moi alors : retourner chez moi par cette magnifique soirée de printemps pour retrouver mon frigo vide et m'affaler devant un DVD quelconque, ou alors me boire ma petite bière seul en maudissant les p'tits cons qui me servaient d'amis jusqu'à présent.
Le ventre en avant, la main sur les reins et la démarche un peu chaotique, j'opte pour la seconde solution et m'installe au bar tout seul dans l'espoir qu'au moins l'un d'entre eux pointe son nez (les salopiots !! bande de lâcheurs !!). Enfin bon, plus solitaire que seul, vu qu'une bonne vingtaine de personnes sont installées autour de moi, discutant de tout et de rien. Je reste assis devant ma pinte pendant une petite demi-heure, songeur et, en fait, pas mécontent d'être là, dans un calme relatif, en train de repenser à ce que je suis en ce moment, à ce qu'il faudrait que fasse dans la vie, à ce que je n'ai jamais fait. En bref, pas mécontent d'être inopinément méditatif. Je prends plaisir à regarder les gens heureux et détendus autour de moi : les jeunes hommes sont frais et enthousiastes, les jeunes femmes si belles et souriantes comme à chaque début du printemps, et je me dis qu'il faut être de marbre ou venir d'une autre planète pour ne pas tomber amoureux tous les 50 mètres en ce moment. Je me dis aussi, en regardant dans la glace en face de moi, mes cheveux blanchis par le plâtre, qu'il faudrait surement que j'aille prendre une douche de façon urgente... J'étais en train de jouer avec cette idée en regardant le fond de mon verre, lorsque le patron du bar me fait relever les yeux en posant une nouvelle pinte devant moi.

« C'est de la part de la femme là-bas, dit-il à mi-voix en pointant discrètement une table dans mon dos. Elle m'a demandé qui t'étais... me ressert-il avec un air de conspirateur du dimanche »

Perché sur mon tabouret, je me retourne aussi rapidement que mes reins endoloris me le permettent, pour apercevoir une jeune femme, assise seule à une table. Elle me sourit en portant la main qui ne tenait pas son bouquin, à son verre. Sourire... qu'elle a d'ailleurs magnifique. Une jeune femme dans la fin de trentaine, très BCBG, un regard pétillant sous des sourcils épilés à la Marlène, soutenu par des lunettes fines et carrées de working-girl bien dans ses pompes. Il faut dire qu'en tant que dragueur impénitent, j'ai plus l'habitude d'offrir des verres que d'en accepter. Du coup, par réflexe, je me retourne vers le patron, après lui avoir rendu un sourire gêné.      

     « C'est qui elle?

       -      Ben, c'est une cliente régulière, elle vient surtout le mardi pour la session de musique live, et elle s'appelle Hélène...
       -      Ah, sans dec'?... c'est pas une blague? Et y sont où les garçons?
       -      Non non... Y'a jamais de garçons, en tout cas j'en ai pas vu... me répond-t-il avec un sourire qui va pas tarder à virer au goguenard (j'le connais le bougre). »

J'ai reçu une excellente éducation, et bon, on ne tourne pas le dos à quelqu'un qui vous offre un verre. Donc je traine mes 90 kilos de courbatures à sa table.      

« Bonjour mademoiselle, introduis-je , armé de mon plus beau sourire.   

     -      Madame...
     -      Pardon? 
     -      Madame, je suis mariée, donc : Madame ! M'assène-t-elle avec le même joli sourire » 

Et ben ça m'a l'air bien parti c't'affaire...
 
   « En tout cas merci pour le verre, vous... lançais-je plein d'inspiration 
      -      Vous avez de très beaux yeux. On vous l'a déjà dit? 
      -      Euh je, oui... En fait, je... Enfin oui... 
      -      Et apparemment vous avez un sacré mal de dos ! » 

Bon c'est le blitzkrieg, j'ai pas le temps d'en placer une... 
 
   «  Euh oui, effectivement, c'est assez inconfortable... 
      -      C'est marrant, m'interrompt-elle encore, vous avez pas une voix à travailler sur un chantier 
      -      Parce qu'il y a une voix pour ça? Réponds-je avec l'infime espoir de me gagner quelques secondes de répit » 
 
Je suis toujours debout devant sa table, avec l'impression de plus en plus tenace de repasser le bac de français. 

    « Donc j'ai raison : vous travaillez bien sur un chantier ! 
      -      Euh oui, mais... 
      -       Vous pouvez vous assoir si vous voulez ! 
      -      Non !! Enfin pardon : non. J'aimerais juste pouvoir en placer une. 
      -      Ah? 
      -      ben voui, je me suis arrêté à «Bonjour Mademoiselle»...c'est un peu court, non?» 

Une éternité de silence s'immisce entre moi et la chaise sur laquelle je suis supposé m'assoir. Je pose ma pinte sur la table, tente de poser mes fesses avec le moins de contorsions possibles en face de mon interlocutrice. Je viens de voir une brèche dans son sourire... Il est toujours le même, mais le regard pétillant se fait un peu plus lointain. 
 
     « Merci pour le compliment, dis-je. 
      -      Pardon? 
      -      Merci pour le compliment sur mes yeux ! 
      -      Ah oui ! J'étais ailleurs, désolé, reprend-t-elle les yeux repétillants. 
      -      Ben on est deux, parce que je commençais à me demander si j'étais pas entré dans la quatrième dimension. 
      -      Ah bon? Pourquoi? 
      -      Tu abordes tout le monde comme ça? 
      -      Non seulement les gens qui me plaisent... » 
 
Putain de silence... Je suis un grand romantique en fait... Et là ça va un poil vite pour moi. Solution de repli : la caricature ! J'enfile mon armure. 
 

     « Je t'inventerai bien des perles de pluies, et je serais bien l'ombre de ta main mais...
       -      Tu me tutoies maintenant?
       -      ... (silence estomaqué) 
       -      ... (silence guerrier) 
       -      Et si on sortait de l'adolescence, là, tout de suite, maintenant ! Ça ferait plaisir à nos parents, non? 
       -      Pardon... En fait je suis un peu gênée... » 
 
Ouwaouh !! Cette expression sur son visage, mon dieu Rom ! Ne laisse rien paraître ! 
 

   La belle Hélène est traumatologue, a 46 ans, en fait 10 de moins, et est mariée depuis 17 ans. Elle m'a invité à sa table car elle n'avait pas envie de boire son verre seule encore une fois. Elle ne voit son époux buisness-man qu'une semaine par mois, et ce soir-là,  elle ne voulait vraiment pas boire sa bière seule. Mon mal de dos, lui a donné un prétexte pour me convier à soulager sa solitude. Au moins, elle était sûr, vu sa profession, que nous pourrions parler de quelque chose. 
Nous avons passé la soirée à badiner, dans le même registre un peu braque et un peu acide. Jusqu'à ce que la belle m'offre de me raccompagner chez moi. Après un moment d'hésitation assez court, l'alcool a balayé mes réticences, et nous avons fini la nuit chez moi. Je lui ai donné tout ce que je retenais de tendresse, de sensualité et de compréhension au fond de moi depuis si longtemps. Je le lui ai donné comme ça sans rien demander en retour et nous avons passé une nuit rare. Elle n'aimait pas ses pieds, ils étaient magnifiques, je les ai embrassé. Elle regrettait ses seins de jeunes filles, j'ai chéri ses seins de femme. Elle avait peur de n'être pas sensuelle, d'être maladroite avec un autre, depuis tout ce temps : on s'est inventé un langage à deux, fait de son passé et du mien. C'était une femme fontaine, elle avait peur que je n'en connaisse rien, je lui ai dit qu'elle était une déesse...
Elle m'a sauvé d'une solitude que je ne savais pas abyssale... Elle m'a donné son regard, et j'ai gouté l'image que j'y voyais. Elle m'a donné son corps, et j'ai pardonné au mien. Cela faisait des siècles que je m'interdisais tellement de choses... 
 
Le lendemain matin je me réveille seul... Sur la table de nuit, 300€ et un petit mot... 
 
    « Merci pour cette nuit, on m'a dit ce que tu étais. Merci, tu m'as sauvée...»

Je ne l'ai toujours pas revue. Je n'ai pas son numéro de téléphone. Je ne sais pas ce qu'on lui a dit, je ne sais quoi en penser. J'alterne entre révolte et incompréhension... 
 


J'ai fait beaucoup de métiers dans ma courte vie, mais c'est le seul que je regrette...

15 décembre 2008

La pirate et l'empathe

vinciJe viens de lire presque en totalité le blog de  mlle Toxgirl... et j'ai mal... j'ai vraiment mal...

Adolescent, comme tous les petits adolescents assez protégés, je m'inventais des rôles, des personnages de grands méchants, une carrure, des poses de matamores, une grande gueule propre à faire fuir les autres petits cadors dans mon genre, pour savoir qui serait le plus gentiment méchant de nous tous...
J'ai bénéficié comme beaucoup, du super luxe de pouvoir rêver à la vie sans vraiment la vivre, ou pour le moins en étant très épargné par ses affres et ses blessures. Plus tard, ça a été assez facile aussi de s'inventer un personnage, et d'en jouer. J'suis plutôt très large d'épaule, bien bâti, et je peux avoir une voix très grave quand ça me prend... Je sais me débrouiller dans une baston de rue (merci Belfast) et j'ai un sale caractère quand je veux aussi... Résultat j'exhibais une fois de temps en temps, dans mon entourage très protégé une belle petite gueule du meilleur effet... Super pour jouer aux beaux ténébreux et faire se pâmer les filles de mon milieu.
En fait, on a beau essayé de se convaincre de tas de choses, des fois ça marche pas. En fait j'ai toujours pensé tout au fond de moi que j'étais une midinette, de 90kg certes, mais une grosse midinette quand même.
Je navigue en permanence avec trop de voilure, j'ai les sabords trop ouverts, et j'ai tendance à prendre la flotte trop facilement. En gros, je suis un peu trop sensible à tout ce qui m'entoure. Ça fait pas viril, hein?

Autant pour l'image du mec hiératique, sombre et inflexible perché sur son rocher à déclamer des conneries aux vagues en furies. Ça fait bien longtemps que je me suis aperçu que les vagues en furie n'en avaient généralement rien à foutre, et que tout ce qu'on pouvait attraper avec ces conneries, c'était  une grosse bronchite plus que des sirènes !

J'ai quand même toujours eu la décence de ne jamais me prendre au sérieux, même sous neuroleptiques, même planqué dans ma cave à me mordre les lèvres pour pas hurler pendant les couchés de soleil (la régression au stade primal que ça s'appelle ces conneries). Montesquieu (ou une autre vieille perruque) disait que "l'humour peut être la politesse du désespoir". C'est pas con, faut bien l'avouer.

Je disais donc, une grosse midinette, ou ce que l'on appelle plus classieusement un hyper-empathe :


C'est la faculté qu'ont les êtres de se mettre à la place des autres, à ressentir ce qu'ils ressentent, à voir le monde avec leurs yeux.

Le prototype de la relation empathique est celui de la mère et de son nourrisson : la mère sait instinctivement ce que ressent son bébé. Elle sait deviner s'il a faim ou s'il est mouillé.

L'empathie est fondamentale pour l'artiste qui "ressent" un paysage, un objet, des personnages, une atmosphère, ou bien pour l'acteur qui endosse un rôle, ou bien pour les professionnels des relations humaines, etc.

L'empathie est en fait indispensable à tout un chacun pour être ouvert à ses semblables.

...l'hyperempathie, c'est-à-dire qu'elles vivent le monde intensément, sans distanciation.

Le bon côté des choses, c'est qu'elles sont très perméables aux autres, très intuitives et se révèlent ainsi d'excellents observateurs, percevant mieux, plus vite et avec plus d'acuité que la plupart.

Ce qui pose problème, c'est qu'elles ne parviennent pas à prendre du recul, à se détacher de ce qu'elles perçoivent. Dégager un point de vue personnel et agir de manière indépendante deviennent problématiques.

L'hyperempathique va vivre un monde d'excès : excès d'activité en s'immergeant successivement dans son travail, un loisir, un spectacle et en se laissant totalement absorber par cette activité; excès dans ses relations avec les autres qui tournent au vampirisme; excès dans ses comportements qu'ils soient alimentaires, d'achat (ou vol); excès dans la pratique d'un sport qu'il va pratiquer de manière compulsive.

En fait, on va noter une succession d'états d'hyper contrôle et de pertes de contrôles alternés


Ce truc là m'a joué bien des tours, s'approcher de l' HP un peu trop souvent à mon gout, se taper des crises de panique titanesques, et plus si affinité dans les comportements dangereux pour sa propre sauvegarde. Le pire ce n'a été diagnostiqué que très tard, quand un psy s'est intéressé à mon surnom : "L'abbé".
Faut pas déconner, ça m'a apporté plein de trucs sympas quand même, notamment avec les filles : les hyper-empathes font des amants exceptionnels il parait (ben ouais ça fusionne plus facile qu'avec d'autres.) enfin pour celles qui aiment recevoir et être emportées dans d'autres univers, car pour la réception du don des fois c'est pas ça, y a des réflexes de protections qui font qu'on a parfois peur de se lâcher. Non que l'envie manque, mais plutôt la peur de l'endroit où ça peut nous emmener.
Les hyper-empathes sont de très bon chiromancien : genre j'ai 3g dans le sang, je choppe la main de quelqu'un qui pense, à raison, que je suis complètement blindé, et je laisse mon regard aviné se balader sur sa main. Et juste au moment où il commence à en avoir marre, je relève les yeux, et lui sert des choses sur sa vie intime, sa personnalité, son enfance, et je ne m'aperçois même pas que la personne pâlit de plus en plus. Jusqu'à ce invariablement, soit la personne se met en colère, soit elle se pâme en pleine crise narcissique (ça dépend des trucs que je balance, des fois c'est pas rose des fois ça l'est).

C'est utile aussi pour les petits connards, quand on ouvre les vannes, et qu'on leur balance des choses qu'ils croyaient si profondément cachées, ça peut même les faire pleurer (c'est arrivé une fois, un soi-disant champion de boxe thaï, qui font en sanglot, il n'existe pas de garde pour certains mots)

Attention ! J'suis un gros gentil, j'suis pas méchant pour sou, bien au contraire. Mais le problème avec ce truc, c'est qu'on a l'impression d'absorber ce que ceux qui vous entourent ont dans la tête. C'est très utile pour jouer les confesseurs, c'est comme si on comprenait la musique interne de l'autre, tous ses accords, ses harmonies et ses dissonances. Ces choses sont cachées sous la musique des phrases. Une phrase veut plus souvent dire ce que l'on ne veut pas se dire que l'inverse. Les phrases des yeux, des mains, des épaules, sont beaucoup plus honnêtes. La plupart des gens ont la solution à leurs problèmes, il n'entendent juste pas très bien leur musique intérieure, ou se focalise trop sur certaines notes. Alors on fait quoi? ben on l'écoute de toutes les fibres de son être et on la leur rechante, simplement, juste comme ça, et le fait de l'entendre leur permet de prendre un peu de distance, et de voir que généralement elle est très belle, pour la plupart des gens en tout cas... Certains petits connards, les gens que l'on qualifie de méchants sont généralement ceux qui ont perdu tout respect pour leur musique. Les vrais méchants, mais il y en a très peu, le vrai mal, jouent, eux, des musiques perverties, laides, vraiment flippantes!! Je n'ai eu que très peu d'occasions d'en côtoyer, je les repère à 10 m, même dans une pièce bondée, et les fuis comme la peste. Ils pourraient me détruire plus vite que n'importe qui.

Ce truc d'hyper-empathie est super dangereux, surtout pendant l'enfance, le temps qu'on apprenne à se forger plus de défense que les autres. Les mécanismes de défense et de filtres, nous étant moins naturels. Je vous raconte pas les angoisses et les cauchemars. Mais on y arrive, on apprend le sens de la distance pour se conserver. Plus tard, on peut y arriver avec certaines drogues, qui anesthésient tout le bizness.
Personnellement, mon truc c'est l'alcool (les hallucinogènes c'est pas la peine on resterait perché, le shit amplifie la chose, et les opiacés n'en parlons pas ). L'alcool canalise les fonctions empathes. Au moins on entend plus toutes les musiques de tout le monde. Et surtout, surtout, elle supprime les blocages appris, donne une certaine inertie, le courage de l'alcoolique, qui permet de laisser libre cour à tout ça sans s'inquiéter des conséquences.

Aujourd'hui je suis arrivé sur le site ToxGirl, via le site de la Princesse Mèl.
Et j'en ai pris plein, mais alors plein la tronche !! La force et la simplicité de son écriture. La crudité extrême de certaines choses, m'ont hypnotisées, j'étais comme collé à mon siège et j'avais mal, mais je n'arrivais pas arrêter de lire. Je souffrais vraiment... Très bizarre... Bien longtemps que personne n'avait fait sauter certaines vannes chez moi, me laissant exténué et un peu admiratif devant cette survivante, qui s'inflige le pire pour éviter la petite mort d'une paix hors de portée de ses mains. Qui raconte des choses atroces sans apitoiement, et qui malgré tous ses efforts pour être désagréable parfois, n'arrive pas à faire qu'on lui en veuille... Au contraire... Bien au contraire... Elle me fait penser à ces beaux vaisseaux légendaires qui naviguent sur des mers lointaines et dangereuses, sous des nuages noir de ténèbre, interdites à nos pauvres barques de pêche, ou nos voiliers de plaisance. Elle me fait penser à un grand trois mats, fin et puissant, aux voiles déchirées par les tempêtes, à la mature malmenée, au charme énigmatique et un peu diabolique de vaisseau fantôme mais qui aura toujours infiniment plus de gueule et de classe que tous les paquebots rutilants, et off-shores de luxe

Je dois bien reconnaître être admiratif et m'incliner bien bas

Mes hommages Mademoiselle la Pirate.

27 novembre 2008

Johnny Rotten

purityBon aujourd'hui la journée est plutôt tranquille, alors j'ai surfé sur le Web et me suis goinfré la presque totalité du blog de la délicieuse Mélusine, et j'ai trouvé un purity test à faire, et voilà le résultat :









Merci d'avoir participé au Test de Pureté !
Les scores peuvent aller de 0 à 450 environ, la moyenne officielle est de 100

Votre score est de 270 point(s).

Statistiques :
Pourcentage de réponses positives : 73 %
Réponses positives sur les boissons : 85 %
Réponses positives sur les drogues : 50 %
Réponses positives sur le sexe : 76 %

Ouais... On va essayer la camisole. Tout va bien, les messieurs en blanc s'occupent de tout.
(Fais de ta vie ce que tu veux en faire, le tout c'est de ne jamais rien regretter !)


Alors bon, ben ça m'effraie un peu moi-même, parce que je n'ai réalisé qu'en répondant aux questions que j'avais fait pas mal de trucs dont je me souvenais pas forcément, c'est comme un condensé de souvenirs dépravés en 2mn, chaque question fait remonté un souvenir qu'on avait un peu occulté (ben woué, on va pas pensé à la picole et au sexe 24h/24 quand même) très agréable au demeurant, en tout cas pour la plupart...

Mais bon ça fait quand même pas le portrait d'un gendre idéal tout ça....
Mais je me suis bien marré, niarf.

18 novembre 2008

Pollution spatiale

Bee_Hive_4_H1Si il y a bien un truc qui m'énerve dans la vie c'est le concept de "mecs satellitaires". C'est un de mes concepts à moi, il doit bien exister un terme dans les lexiques freudien ou jungien pour définir ça au mieux, mais à défaut de culture moi j'appelle ça des parellites, mot valise pour satellite et parasite.

Les parellites, on en trouve un peu partout dans la vie de tous les jours, au boulot, chez les amis d'amis, au boulot. Un parellite pour moi c'est un peu la version évolué du chancre, de la tique du parasite symbiotique. A ceci près, que le parellite est un animal social et mobile.

Il y a quelques jours une personne d'un autre continent que je considère comme une amie à eu à subir les affres d'un de ces spécimens. Plus précisément, a réussi à s'en débarrasser dans la douleur.

Le parrelite il est pas libre, il s'appelle pas Max, et il cherche à tout prix à faire des bulles dans la mare. Ouais, parce qu'avant toute chose le parellite a des choses à prouver ! A tout, à tout le monde et surtout à lui-même. Le parellite souffre généralement du syndrome du petit garçon qui ne s'est jamais remis de sa première claque. Le truc tendancieux là-dedans, c'est qu'il est pas vraiment méchant, il peut juste pas tenir en place. Le premier bobo (ou le second ou le troisième, bref) a été généralement tellement traumatique qu'il a engendré une fuite perpétuelle... Pas le fait de fuir le mal, le souvenir du mal ou le trauma, mais bien le fait de se fuir lui-même. Car le parellite est intelligent et mortellement orgueilleux : une inadéquation entre un orgueil monstrueux et un manque de force mental et de raison absolument pathétique, couplé à un besoin insatiable de reconnaissance affective. Le parrellite est généralement quelqu'un de brillant sous des aspects très spécifiques. Quelqu'un qui sera brillant dans certains domaines qu'il élira comme sa prédilection, et totalement désintéressé, voire fumiste, dans beaucoup d'autres, généralement ceux qui n'apportent que peu de reconnaissance immédiate.

Ce charmant gentleman est généralement protéiforme, jamais bien fini, jamais totalement sculpté, changeant ses contours au gré des marées sociales et des rencontres, il peut sculpter son écume intérieure à volonté à condition que le ciseau, le scalpel, le maillet prennent le nom d'aventure, de séduction et de nouveauté. Et qui dit nouvelle sculpture dit, pour le parellite, faire peau neuve. Le problème c'est que des gens bien sous tout rapport font souvent les frais d'être les squames de cette mue inopinée. Ne jamais trop s'attacher à un parellite si l'on ne veut pas se sentir pris au dépourvu comme peut l'être une peau morte fraichement grattée (pas ragoutante la comparaison).

On en trouve énormément dans la catégorie professionnelle des mauvais commerciaux (je précise mauvais) qui peuvent ruiner le travail de beaucoup de monde parce qu'ils ne savent pas résister à la tentation de la mousse, ahhh se faire mousser... On en trouve bien sur majoritairement chez les politiciens professionnels (j'ai pas dit Homme d'Etat), ou de certains chefs d'entreprise et dans bien d'autres domaines, où le travail se résume à se baigner de l'illusion de construire des choses, alors que somme toute, cela se résume à un partie de cache-cache à fort ego ajouté entre eux et eux-mêmes, pour se prouver, bien souvent uniquement et toujours à eux-mêmes, qu'ils sont des plus insaisissables.

Ce qui me fait doucement rire, la plupart du temps, c'est que d'insaisissables ils ne le sont pas du tout. Mon père me racontait que quand j'étais un tout petit gamin il faisait des parties de cache-cache avec moi dans leur petit appartement d'étudiant. Je possédais une technique particulière et imparable : je me plantais en plein milieu de la cuisine les mains sur les yeux en criant "j'suis caché !!!". Ben ouais, logique quoi, j'te vois pas donc tu peux pas me voir.

Ça parait tout con, mais je crois que c'est le problème fondamental des parellites. C'est bien ce qu'il y a de beau et d'attachant en eux, de subtilement pitoyable et d'inoffensif, qui fait que l'on a tous ressenti ça un jour ou l'autre. JE poursuis ma quête ! JE suis caché aux yeux du monde pour un tête à tête avec moi-même qui me fera découvrir un peu plus ce que je suis à travers ce que je prends de toi. C'est vrai que c'est séduisant tout ça, on s'en oublierait presque...

On peut pas vraiment leur en vouloir de ce qu'on trouve d'attachant en eux, car c'est un peu notre faute à nous de les trouver si touchant, si attirant. Ils nous renvoient souvent à un passé sagement dépassé, mais nous ravive le goût pas totalement effacé d'une soif d'absolu, de promesses de quêtes pures et éternelles e tutti quanti.

Mais le Hic dans tout ça, notre plus grande faute généralement vient de notre inertie et de notre faim. Le parellite, l'enfant vampire, finira, tel un changeur de peau, par se mélanger, absorbé de notre substance dont on fait notre être : nos espoirs et rêves qui se draperont si bien autour de ce métamorphe, que nous le promulguerons sans nous en rendre compte en égérie, en symbole sur patte de ce que l'on n'osait pas projeter dans ce monde extérieur si froid et si impersonnel. C'est comme un petit bout de nous à l'extérieur tout ça... Et on peut facilement prendre ça pour de la force et l'en admirer. Se dire que lui a cette force de maintenir un cap, que nous avons lâchement perdu quelque part dans les détours de la vie. Mais en fait de force c'est plutôt de l'inconscience dont il s'agit. Le parellite se prend des murs mais bien malin celui qui pourrait dire ou il va s'arrêter? On peut le maudire, on peut le dénigrer, on peut le nier, mais l'épine qui nous reste dans le pied est probablement ce que l'on aurait voulu un instant être si franchement Lui, sans nuances, sans concessions... Mais il n'y a que les junkies qui ne font pas de concessions, et le parellite en est bien un de junkie !

Les gens normaux, les gens ordinairement forts et faibles, tour à tour, le sont profondément, car c'est sans doute la vie qui leur a apprit à l'être. Ils n'ont pas embaumé leurs rêves, non, non, non ! Ils ont juste, en grande intelligence, introduit de la souplesse et de la tolérance dans leur gouvernance intérieure, pour être riche de la connaissance que l'on ne peut pas barrer seul, comme un gamin-tempête, le navire de son propre destin (généralement bien ordinaire).

Mais le parellite se refuse de toute ses forces à cette forme de sagesse, car le parellite refuse de reprendre une baffe... Alors il en prend plein ! Tout le temps ! Mais jamais une qui pourra le toucher ! Hop, pirouette ! Pfuitt, esquive !

Méchant !! Méchant chat chasseur glacé, tu ne me chasseras point sur mes champs de chaleur !! Je te défis ! Toi la froideur du monde, je serai toujours la braise et le brandon!!  Une vraie auto-tamponneuse lancée sur les murs de l'existence... et bien sur, si l'on est son passager, ben ça peu secouer un brin...

Enfin bref je vais pas tarder aller me coucher, donc pour conclure :

Méfions nous des parellites ! Surtout des plus brillants d'entre eux, ça peut faire pas mal de casse, tout ça.

Croyez-moi !

Parole de parellite.....repenti.....

PS : Et pis tiens une petite musique de nuit qui illustre tout ça :

 


Découvrez A Perfect Circle!
20 octobre 2008

Back to business

CEO_Credits_CÇa faisait longtemps que je n'avais pas donné de nouvelles, mais j'étais un peu KO : un été assez dur à passer, humainement parlant.
Je suis de nouveau en selle, et suis content de dire que tout me sourit, en tout cas du côté professionnel. Je viens d'être embauché dans une multinationale française où j'occupe un poste de rêve, en gros c'est un peu tout ce que je rêvais de faire depuis longtemps. Fini pour moi donc la recherche, ses ors et ses illusions, la vie saine de chantier, retour dans le privé, le costard, les horaires de débile, les enthousiasmes et les tensions. Le poste de rêve en question est généralement réservé à des personnes ayant bien dépassé la quarantaine. Je suis donc en avance de 10 à 15 ans sur ce type de poste, mais la contrepartie est que je bosse comme une mule. Ce qui est, parait-il, nécessaire quand on est censé faire bosser ensemble 150 personnes... Enfin bon, tout ça est très restructurant, et je suis ravi :)

Ceci dit, pour ce blog, ça peut être tout benef, car après deux semaines de travail, j'ai déjà des anecdotes assez savoureuses à raconter. Je me mettrais à vous les rapporter dès que mon salaire de roi aura été versé et que je pourrai enfin m'acheter un ordinateur qui ne plante pas toutes les 3 minutes. Pour l'instant je me reconstruis et je dors...
A tout bientôt, peut-être quelques jours qui sait...

Bises à tous.

PS : Tiens bon Gaby ! J'ai pas voulu en parler avant, mais j'étais convaincu que tu méritais bien mieux !! Aie confiance, ça va venir très vite ! Seul le réveil est difficile, ne te convaincs pas outre mesure que c'était lui, et ne cristallise pas, à mon avis il n'en vaut pas forcement le coup. Les secondes relations sont dures mais elles dépoussièrent beaucoup de choses. Il faut juste les prendre à leur juste valeur. Tu as remis le pied à l'étrier, c'est bien ! le prochain pourra bénéficier de tout ça.

22 septembre 2008

Requiem for a dream

goutte_deau_font_ecran

Ode à toi, mon cher, dont les traits défaits, bouffis d'alcool, et l'âme confite ne chercheront plus au fond de mon troisième œil, le port, le havre sans écueils, que réclamaient ton cœur de soie déchirée et tes plaies toujours ouvertes d'enfant du rêve bien fatigué. T'es parti bien jeune pauvre con génial. On nous avait prévenus, cent fois, mille fois, que la paix ne se trouvait pas là où on la cherchait. Cette violence incroyable, contenue en toi, en moi, il fallait la canaliser : les chantres idiots de la raison

ordinaire, ont bien prêché cent mille fois le sens commun à nos pauvres têtes folles. Mais rien, rien de bien n'en sortait, qu'une petite mort programmée, qu'une solitude effrayante de môme abandonné. Sortez les violons ! Faites les pleurer ! Encore et encore ! Sur un destin avorté, sur un chant intérieur, sur une musique de l'âme esseulée... Pleurez comme je me désagrège, comme nos rêves partagés se dissolvent. Perdez l'eau de vos cordes et de vos corps, abandonnez lui les derniers sacrements d'un verre de gnôle, d'une bière qui jamais ne se finit. T'étais si beau, si brillant, si touchant... Mais tu n'as jamais aimé le vulgaire... Boire aux fontaines de l'ordinaire, c'était pas pour toi, hein, pauvre con? Tu as préféré te laisser crever de soif? Ou remplir ton corps de clochard en costard, tantôt magique, tantôt pathétique, de poison liquide, jour après jour, l'anesthésie de l'être, c'est ça? Crétin !! Jamais un mot de travers, hein? Toujours le verbe haut, la pensée juste, raffinée, acérée... Toujours l'élégance du mot juste qui tape juste derrière les yeux clos des gens qui écoutaient ta mélodie constamment jouée sur plusieurs partitions, que tu jouais si subtilement qu'on pouvait la prendre et l'entendre, selon sa comprenette, pour un opéra de silences ou pour une comptine pour bêtes...

Et cette pudeur, cette putain de pudeur ! Et cet orgueil ! Les femmes étaient trop bêtes, t'as été voir les hommes? Les hommes te plaisaient pas, t'as été voir les "gens"? Les "gens" t'ont déçu, t'as été voir la came? La came t'as détruit, t'es retourné voir les femmes?
Y'en avait bien une !
Elle t'a aimé jusqu'au bout, dans le silence et la peur de ton intransigeance. Mais ça aussi tu l'as merdé !
Je suis en colère ! Une colère qui pourrait tout dévaster ! Qui pourrait même me terrasser, m'emporter loin de moi-même ! Me faire retomber dans nos déchéances ! Mais je ne ferai pas comme toi pauvre con ! Ce n'est plus un jeu, et tu n'es plus là ! Je n'ai pas dessaoulé depuis un mois, c'était mon cadeau d'adieu beau génie, le dernier... Je vivrai ce que tu n'as pas vécu. Si tu avais eu la force d'accepter juste une fois la beauté ordinaire de toutes ces petites choses, ces petits riens, que tout le monde te proposait, cadeaux timides, ces mains tendues... Si... si... si... Moi je les ai saisies, et tu n'es plus là...

Pauvre con, je deviens quoi maintenant? T'es où bordel? Je me sens si seul...



 


Découvrez Beth Orton!

2 août 2008

edit : J'ai enfin une webcam...


Je me la joue kikoo lol avec la webcam... Avec ou sans barbe?

webcam


2008_08_06_76308



18 juillet 2008

hier soir

Tournage de pirates des catraïbes

661


Je vous laisse, je pars pour trois jours de decadence aux Vieilles Charrues
Des bises

16 juillet 2008

la sagrada familia

Pendant qu'on est dans les photos je viens de recevoir celle là :


Le père, les fils et le saint esprit...


maleslargo

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