Apparté
(en attendant la suite du Bob Cool)
Je viens de finir une conversation avec ma mère sur "La promesse de l'aube",
le bouquin de Romain Gary... Ce qu'il faut savoir c'est que je
m'appelle Romain parce que, mes parents, rentrant d'Afrique, où ils ont
été chercher la vérité, la liberté et la maturité pendant quelques
années, ont eu une histoire avec "les racines du ciel"... Je n'en sais
pas plus, et je n'ai jamais osé en demander plus...
D'ailleurs, je
ne peux pas en dire bien plus. J'ai jamais pu/me suis toujours refusé,
à finir un bouquin de Gary, et c'est là mon problème avec "la promesse
de l'aube"...
La petite fée dont j'ai déjà parlé, a trouvé intéressant de me
l'offrir, mais à chaque page, voire à chaque paragraphe, la lecture
m'en est quasi douloureuse!
Coïncidence? Programmation éducative
(mes parents s'en défendent! Je me suis construit en grande partie en
solo...)? Bloquage cognito-oedipien? Va savoir... Toujours est-il que
je m'abîme dans chaque ligne qu'il écrit. Pas tant pour le contexte de
sa vie, que pour sa façon de voir le monde, de le sentir, de le décrire
et de l'écrire... C'est un peu l'inverse de Kundera, il m'est un peu
trop proche (voir la note d'avant)...En ce qui concerne "la promesse de
l'aube", la relation que j'ai avec ma mère est beaucoup plus simple et
saine que la sienne, enfin je pense... Je l'espère...
Après un repas d'anniversaire somptueux (je détaille pas le menu, y'a de quoi provoquer des envies de meutre) spécialement composé à mon goût (Dieu les bénisse), accompagné de petits vins français et espagnols que j'aime tant.... ma maman, ayant goûté aux plaisirs castillans, en peine de Valdepeñas, rouge de Rioja, et pompette comme pas deux, s'installe, régalienne, dans un fauteuil moelleux, pour écouter des textes que j'avais à lui lire sur le moment. Mon père, ombre et roc, se pose, l'air de rien, discret comme une ombre, derrière elle, avec son sourire de sage bourré, qu'a tout vécu mais qui reste un gamin. Du genre qui te fera jamais tartir pour t'expliquer comment vivre, même si (Le propre des Vrais Hommes) il pourrait venir te chercher dans le trou du cul de l'enfer avec un sourire en t'expliquant que rien n'est grave (Il sont beaux tous les deux)...
Ma mère donc, écoute avec une élégance de Femme-Jeune Fille
pompette, les textes que je lui lis... Et là... Et là... Elle me
dit...avant que mon frère et moi ne portions (chacun d'un bras, en se
relayant, pour prouver qu'on est vraiment forts!) ses quarante huit
kilos de parangon d'élégance et de féminité jusqu'au pas de sa
chambre... que je devrais finir,un jour, "La Promesse de l'Aube" même
si elle sait que ça me bloque!
Et là, s'en suit un regard tout féminin et maternel, que seuls les
sages peuvent sans doute comprendre, qui me fait comprendre que je n'ai
rien compris. Un regard qui fait penser que les femmes ont la sagesse
du monde entre leurs yeux. Un regard qui vous fait dire que les femmes,
grandes dames ou petites fées, ne cessent de grandir alors que les
hommes se contentent de mûrir. Que les femmes sont les piliers du
présent, et que nous, petits ou grands mâles, quel que soit notre âge,
ne pouvons les approcher que parce que nous veillissons en rond, comme
les vieux chênes dont on mesure l'âge à coup de cercles concentriques.
Mais, que dans nos cercles intimes, se cachent des petits bouts de
rêves et d'Eternel de tous les jours, que l'on peut leur offrir comme
trésor, comme pivot ou balise, voire comme emblème qui rachèteront
leurs doutes quotidiens, leurs peines de toujours ou d'un jour, vu que
nous sommes beaucoup ou peu, parce que ce que femme veut, Dieu le
veut...
Et que beaucoup de petits garçons, qu'ils soient mûrs ou
polissons, chercheront dans votre giron, mesdames, ce qui fera d'eux
plus que simples avortons... Enfin bref, tout ce qui fait qu'on est
fait pour ça, en somme, et que franchement, c'est souvent une belle
place que celle d'être un Homme... Voui, Madame!
Bon...Faut qu'un jour je finisse ce put... de bouquin...