Epreuve
Hier m'est arrivé quelque chose que j'avais réussi à éviter depuis très longtemps : une monstrueuse crise d'angoisse, mais quand je dis monstrueuse, elle était vraiment énorme! Des crises de cette amplitude, cela faisait bien 9 ans que ça ne m'était pas arrivé. Il faut dire que je l'ai bien cherché et que tout concordait un peu pour que ça arrive.
Petit préambule pour les âmes sensibles : ne vous inquiétez pas, ce post est un post résolumment positif qui se termine bien à la fin (je préfère prévenir depuis l'expérience de Breakbeats).
J'ai passé pour diverses raisons qui ne regardent pour l'instant que moi (une promesse est une promesse), 3 longues heures Lundi après-midi des plus hardcore. Puis à partir de 17h, j'étais convié sur une péniche très cosy et chaleureuse, à participer à un jeu de plateau (chomage technique oblige !) où l'on m'ouvre une petite bière spontanément dans une bonne humeur générale et bon-enfant qui me fait un bien fou. M'entourent des gens vouant un culte aux substances pas très légales qui m'enfument littéralement de manière passive, et donc contre mon gré (je ne touche plus à ces-dites substances depuis un bail). Bref le temps aidant, vers 20h je suis raide défoncé toujours contre mon gré. Il se trouve qu'on me propose spontanément une petite soirée derrière, beaucoup plus aérée mais aussi beaucoup plus alcoolisée. Après les épisodes de l'après-midi, je n'avais plus qu'une seule envie, c'était oublier, tout oublier, même juste pour un tout petit moment, l'espace d'une nuit, ne pas m'endormir avec une image très particulière que je voulais à tout prix chasser de ma tête. Forcément, vous me direz, ce n'était pas la meilleure des solutions que de se prendre une pile, mais bon, des fois on est bête, hein? Toujours est-il que j'ai passé une excellente soirée que j'ai finie complétement ivre mort vers 6h du matin après avoir beaucoup dansé et rigolé (et oui encore une fois, chomage forcé = pas de reveil) mais pas heureux du tout de rentrer dans mon grand lit tout vide. De plus, j'avais pas touché une goutte d'alcool depuis quelques temps, donc grosse claque supplémentaire.
Jusque là ça va, c'est le lendemain que ça picote un peu plus.
Je me reveille 5 heures après, avec encore au moins 3 grammes dans chaque bras. Et là, au lieu de rester cuver ma bière-whisky-rhum tranquillement dans mon pieu, comme la vieille loque que j'étais sur le moment, je décide d'aller m'acheter un bouquin que j'avais repéré la semaine précédente, dans une petite librairie spécialisée à quelques kilomètres de chez moi. Bien évidemment, hors de question de conduire (suis pas fou quand même), je me dis qu'une ballade ne me fera pas de mal.
Oui mais voilà, la ballade a tourné à l'enfer...
Au bout du premier kilomètre, les allées de l'enfer s'entrouvrent devant moi. Je suis pris d'un malaise, je n'arrive plus à respirer, mon coeur bat au moins à 180, mais ça je peux encore contrôler. Mais tout remonte en bloc, le ciel gris sale, devient bleu nuit sinistre pour moi, l'angoisse commence à monter en moi avec une violence et une rapidité apocalyptiques et inouïes. J'essaye d'accrocher des choses autour de moi, des regards, des lieux que je connais si bien pourtant, qui pourraient me rassurer. J'essaye de me souvenir que y'en a une qui continue de m'aimer quelque part, que d'autres m'aiment tout près... rien à faire, j'ai déjà basculé dans la dimension parallèle de la souffrance et du desespoir. Et là, dans cet état de faiblesse extrème, tout ce que je contenais depuis des mois, toutes les digues que j'avais monté s'écroulent. Je m'arrête tous les dix mètres, pris d'une terreur sourde, c'est sur je vais crever. Trop tard pour faire demi-tour et rentrer chez moi, je serai devenu fou avant. Alors je me roule en boule sous un petit porche à demi abrité de la pluie. Dans une flaque d'eau, mais je ne la sens qu'à peine. Je vois les chaussures des passants, mais ils ne s'arrêtent pas ces cons (on vit une époque formidable !)! Alors que si quelqu'un m'avait juste pris dans ses bras, tout se serait peut-être calmé. Je ne peux appeler aucun de mes proches, le temps qu'ils arrivent je serai fou, pareil que pour le retour chez moi. Je fais un effort titanesque et avance mètre par mètre. Si j'arrive à la librairie, je serai entouré de livres rassurants, et serai au chaud dans le silence. Je dois m'arrêter 5 à 6 fois en 100m. Je me bouche les oreilles, car je suis entouré de bruits de fin du monde.
J'arrive à la librairie...
Je zappe le reste car je n'ai pas la force de l'écrire... Pas maintenant...
La conclusion est que j'ai réussi, j'ai réussi à sortir de l'enfer seul, une fois de plus, seul comme un grand garçon que je prétends être... Je serai bien maintenant, les digues ont pété, le trop plein pas sain s'est vidé, le noeud est dénoué, la gangue de souffrance s'est desserrée. L'épreuve du feu est passée, il ne reste plus qu'à me reposer et commencer à vivre heureux comme je veux l'être, et comme je le mérite, je crois...
J'ai l'intuition que les posts suivants seront plus légers que ceux de ces derniers mois :) à ce propos, le bouquin est très très bien ! Je vais pas dire que ça en valait la peine, mais je prends un plaisir qui est un peu plus que littéraire à le lire...
Je vous embrasse,
Le Rom énergique et apaisé (bonne combinaison ça madame !)