Belfast mon amour !!

16 janvier 2008

Aujourd'hui je raconte un petit truc qui m'est arrivé lorsque je vivais à Belfast.

Pendant mes études, j'ai passé quelques temps dans cette ville de ténèbres, où le ciel est si noir et changeant. Où le chaos continu des nuages segmente une lumière de fin du monde extrêmement changeante. Où le vent est une musique au bruit parfois assourdissant, qui peut faire baisser la température de 5 à 10 degrés en l’espace de quelques minutes. C’est un pays de légendes et de violences. Le pays du géant Fionn mac Cumhaill. Le pays des banshees et des redcaps qui trempaient leurs bonnets dans le sang de leurs victimes pour lui donner sa couleur. C’est le pays d’une musique magique, qu’on croirait composée par des fées tristes et belles.

Belfast était ma ville et Dieu sait que je l’ai aimé.

La petite anecdote se passe un soir d’hiver. Après avoir quitté l’opéra avec un copain allemand, nous décidons d’aller boire un verre dans un quartier qui nous avait jusqu’alors été interdit. Ce quartier c’était le ghetto catholique !

Petit rappel culturel pas du tout objectif.L’Irlande du nord est peuplée à 60% de catholiques et à 40% de protestant, dont les deux occupations préférées sont de boire plus de bière que moi et de se foutre régulièrement sur la tronche depuis quelques siècles déjà. Mais en fait, cette histoire de guerre de religion c’est une grosse foutaise cosmique. Il y’a pas de catholiques et de protestants qui tiennent, ils se ressemblent, ils boivent autant, et regardent la même télé. Nan, le vrai problème, est un faux problème politique, entre pro-british et pro-irish, et le fait que ni l’Irlande, ni l’Angleterre ne veulent de l’Irlande du nord. Parce que l’Irlande du nord coute cher. Très cher ! Quand on interroge un sud-irlandais sur le rapprochement des deux Irlandes, il se met la main sur le cœur, avale une bière cul-sec, entonne le « together standing tall », et t’affirme que tous les irlandais sont frères. Quand on lui explique que c’est 33% d’impôts en plus sur dix ans, il attrape le hoquet et t’explique que pourrait peut-être attendre un peu, en fait. Du coté protestant, c’est marrant aussi. Le protestant nord-irlandais commun prétend à l’étranger qu’il est irlandais et très fier de l’être, mais de retour à la maison, point de salut hors l’Angleterre : « I’m focking english and my kids are so, ya wee bastard !! »… d’où un léger problème d’identité assez communs chez les protestants. De plus, le gouvernement anglais ne désirerait qu’une chose : se séparer du boulet économique que représente Belfast et sa région. Mais pas de bol pour lui, les protestants votent en masse sans s’abstenir. Le premier candidat au « 10, Downing Street » qui suggèrerait de se débarrasser des sauvages d’Ulster, se prendrait une veste électorale dont il ne se relèverait pas !

Donc grosso-modo, ils ont pas encore le cul sorti des ronces (hein, Virgil?).

Ceci dit il y’a une troisième catégorie les « I don’t give a fuck !», littéralement « j’en ai rien à …. », composés en grande majorité de jolies étudiantes catholiques et de beaux étudiants protestant aux oreilles légèrement décollées (ou inversement), qui n’attendent pas la permission de Dieu, ni celle du Lord Mayor, pour se bécoter sur les bancs de la Queen’s University, et plus si affinitées. C’est beau la nature !

Mais bon, il y a quand même des quartiers à « thématique religieuse sensible », autrement appelés ghettos, dont les deux principaux sont Fall’s Road (catholique) et Sandy Row (protestant), séparés par le très hypocritement nommé « Peace Wall » (qui doit bien faire ses 20 m de haut quand même), et qui se trouve à deux pas de là où je vivais…Coooool…

Suite au prochain post, là j'ai une réunion...

Une photo de la Queen's, la fac où on se bécote, et on je digérais mes gueules de bois (ils ont trafiqué le fond, un ciel comme celui là c'est une fois par génération).