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Les monades de l'Abbé
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Les monades de l'Abbé
24 avril 2008

Belfast mon Amour (3) : Apocalyspe Now...

tangigrey2Bon... Où en étions-nous?
Woué! voilà, j'y suis...
Je préviens tout de suite ça va pas être forcément très classe...

Je rentrai donc chez moi le soir-même, passablement alcoolisé, en chérissant l'excitante perspective de plonger très bientôt, encore plus loin dans le ghetto catholique.
Petit problème à l'arrivée dans ma maison d'alcooliques pré-pubères. C'est le chaos absolu !!
Je m'aperçois vite fait qu'ils ne sont pas pré-pubères du tout ! Ma baraque est bien transformée en gigantesque baisodrome ! Rien de moins ! Et que ça donne du soupir langoureux et du gémissement orgasmique derrière toutes les portes de chambres, à tous les paliers. Dans la cuisine, une jeune fille rousse et potelée s'apprête à se faire prendre sauvagement par un jeune boutonneux du deuxième étage, les fesses posées sur l'évier (rempli de vaisselles sales,cela va de soi... 17 mecs entre 18 et 25 ans dans une chaumière, A quoi peut-on s'attendre?) l'arrière cour est squattée par des mecs sous exta qui essayent de sacrifier une boîte de beans à Satan, pendant que, dans le terrain vague attenant, les collocs les moins dégourdis auprès de la gent féminine, font des burn-out dans un bruit d'apocalypse avec leurs bagnoles ultra-tunées, dans l'espoir incertain d'apaiser leurs libidos frustrées... L'enfer en somme...

Malheureusement pour moi, j'avais complètement zappé le fait que nous étions un début de WE, pire au début des vacances universitaires, où ces dames venaient des quatre coins de l'Irlande rendre visite à leurs Jules respectifs, entaulés à l'université de sa très gracieuse majesté durant toute la sainte semaine. Et ça ça provoque un sacré remue-ménage chez le jeune mâle en rut...

Mais bien heureusement pour moi, je suis encore raide caisse à n'en pas marcher droit, alors je trouve ça du plus haut comique, voire sociologiquement très intéressant, et décide sans plus attendre d'aller chercher ma caméra dans ma piaule, pour faire un documentaire animalier sur tout ce petit monde afin de l'envoyer à mes parents et amis (les bonnes idées qu'on a quand on est bourré !)

Je grimpe donc les quatre étages me séparant de ma piaule, espérant intérieurement  que mon colloc de piaule français soit plus classe ! Après tout il est le doyen de la maison, excellent étudiant et très bon cuisinier.
Ben nan en fait pas classe du tout !
J'ouvre la porte, et me fait accueillir par de la musique spirale-traveller à 240 bpm, et je vois mon colloc avachi sur MON lit, en compagnie de deux vénus callipyges d'un mètre cube chacune, au look ultragoth à moitié nues mais ayant gardé leurs platform-boots, qui se battent désespérément pour lui enlever son pantalon en cuir. Ajouté à cela, une très forte odeur de cyprine et de pétard, et vous aurez une bonne idée de l'apocalypse...

Après avoir poliment remercié mon colloc pour son invitation délicate à partager ses ébats zoophiles : "Viens Rom ! N'en n'a une pour toi ! J'sais pas comment elles s'appellent, mais j'y ai dit qu'au pieu t'assurais grave !"

Je chope donc ma caméra, et fuis ce pandémonium, redescendant les escaliers à toute bombe... Ah ! Pause pipi à l'entre-étage (et oui ! pas de chiottes dans les chambres. Pratique en hiver !). Là, concentré comme seul un mec saoul peut l'être sur sa besogne, je finis par apercevoir un mouvement dans mon champ de vision périphérique, on m'observe, c'est sur !

Et bien oui, on m'observe par la fenêtre! Les WC sont situés au niveau du troisième étage, et on m'observe par la fenêtre. Non pas de l'immeuble d'en face, ni des toits avoisinants, mais je vois bel et bien deux gros nez collés à la fenêtre des chiottes !! Les gugusses des mansardes, pratiquant tous les deux l'escalade, ont décidé d'organiser un concours de descente en rappel depuis le toit, avec chacun au moins 3 grammes d'alcool dans chaque bras. Je les regarde, un peu ahuri, me faire de grands coucous pour m'inciter à ouvrir la fenêtre. Je referme ma braguette à grand peine, saisis ma caméra, ouvre la fenêtre et commence à enregistrer une conversation mémorable :

" Y a Duncan et Sean qui organise un barbecue sur le toit ! Où t'étais? on te cherchait partout !

- Ben j'étais dans les Fall's...

- Cool man ! Viens ! On va jeter des saucisses aux hélicos des Pigs !"

J'arrive sur le toit, Duncan, Sean, Doug et Barry, sont bien en train de faire un barbecue avec la musique à fond. Doug s'approche de moi :

"Hey bro ! On te cherchait partout ! Y a les flics qui tournent depuis une demi-heure en bas pour savoir d'où vient la musique ! Sont cons, z'ont toujours pas trouvé, Pigs !
- Ouais, mec ! L'interrompe Barry. Mais ils ont dérouté un hélico de surveillance, c'est pour ça qu'on reste dans le noir.
- Ah oui je vois... Dis-je moitié-amusé, moitié-pas-rassuré-du-tout"

Il faut dire que j'ai passé mon adolescence dans la petite ville très tranquille et très bourgeoise de Cesson-Sévigné, pendant que ces quatre là, dormaient toutes les nuits avec leurs chaussures dans le Bogside de Londonderry (le Bloody Sunday de U2, c'était là-bas), pour évacuer le plus vite possible au cas où l'armée anglaise aurait la bonne idée de tenter une intrusion dans le quartier pendant la nuit. A l'âge où on passe le brevet, il savait tout du cocktail Molotov... Vous avez vu "Au nom du père"? Non? Je vous le conseille, c'est mon "Auberge espagnole" à moi.

Je déguste mes saucisses avec ravissement, n'ayant rien avalé depuis le midi, en pensant que c'est quand même sacrement classe d'avoir l'impression de jouer dans un film avec l'IRA, les flics, et tout ça, rien qu'en restant chez soi. Un vrai gosse !

Seulement le gosse a un petit peu déchanté quand les fameux pigs nous ont enfin trouvé. Ils sont venus avec deux landrover blindées (voir photo en médaillon) pneus increvables, carrosserie blindée, vitres par balle, et moteur anti-calage, que l'ont n'entend pratiquement pas tellement le régime est bas. Quand elles arrivent dans votre dos, c'est effrayant, comme un monstre que l'on n'aurait pas vu arrivé. Brrr !

Les flics ont fait sortir tout le monde dans la rue, fouille générale, intervention du doyen de la fac.

Résultat : 5 mecs renvoyés définitivement, et des amendes pour les autres...

J'ai toujours un film de tout ça, je le mettrai peut-être un jour en ligne...

La suite au prochain numéro...

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Commentaires
A
Eeet ouais mam'zelle... Sex, Alcool et Rock'n Roll...La classe quand on a 20 ans et qu'on se prend pour le futur roi du monde... Jusqu'à ce que la vie se mette en tête de te fesser avec une pelle. On perd un peu de plumes, mais ça fait tout de même de très jolis souvenirs. rien de rien, nooon je ne regrette rien...<br /> <br /> PS : je ne travaille pas aujourd'hui et suis en train de lire l'intégrale de ton "ze meetic war". Je rigole à m'en faire pipi dessus !
U
ah ouais... moi que je suis allée en Irlande pendant trois mois, c'était vaaaachement plus calme... N'empêche, c'est une expérience dont on doit se souvenir toute sa vie, pile poil le genre de chose dont un ado qui a vécu dans un endroit très calme doit rêver...
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