Pudique
De la pudeur ou de l'art de ne pas être soi-même...
C'est fou comme la pudeur peut être bloquante. J'aurais tout simplement, des fois, envie de pouvoir dire, agir, être moi, comme si j'en avais la liberté... et des fois, souvent d'ailleurs, je ne le peux pas ! Je ne pense pas être un cas isolé, mais bon...
Je sors d'une soirée délicieuse où j'ai retrouvé certaines jeunes femmes, non moins délicieuses, de mes connaissances, et on a dansé... En tous cas, elles ont dansé en ma compagnie... sous les étoiles...
Pour d'obscures "raisons politiques", on ne pouvait pas se laisser aller à profiter de la danse comme on l'aurait voulu, mais bon...
La campagne, car on y était, était, en tout cas magnifique. Paysage en demi-teinte bleu sombre, entre chien et loup, soutenu de vert et bordé de chaotiques croisements de rivières. Ca faisait quelques temps que je n'étais pas sorti de mon trou. Les grillons marquaient mieux la pulsation que ne le faisait la musique, et j'ai profité de leurs chants dans les champs, pour créer un semblant de rythme à l'intérieur de moi, jusqu'à ce qu'il croisse, qu'il s'amplifie, qu'il me remplisse, mais...
O tempora, o mores, je ne me retrouve plus dans mon temps ni dans mes moeurs... Question de tempo. Comment faire danser des femmes alors qu'une seule vous manque, et que du coup, toutes les autres vous font comprendre que vous pourriez être l'autre, mais qu'un souvenir vous ôte tout, et que ; de tout dans le mouvement, vous n'êtes plus rien dans les silences et le calme...
J'en ai marre, je m'en rends compte... La patience est une vertu, la perséverance aussi, mais l'abnégation? Un seul mot pourrait sauver, une seule phrase pourrait arrêter le Temps... Mais elle ne vient jamais à temps... Du coup, je danse, je danse encore, j'oublie, et je finirai par oublier pour de bon, si les mouvements que je dédie, je les dédie en vain... Ce doit être ce qu'on appelle la vie... Ou peut-être pas... Qui sait?